Lâchée par un "généreux" donateur, la SNSM de Ouistreham doit trouver au plus vite 500 000 euros pour son nouveau canot

Avec un quart de siècle au compteur, le canot tout temps Sainte-Anne-des-flots a fait son temps. La SNSM de Ouistreham avait bouclé seule son budget pour le remplacer. Mais son principal donateur s'est désisté il y a peu de temps.

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Toujours sur le pied de guerre, prête à intervenir 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et souvent en première ligne à distance des côtes, la Sainte-Anne-des-Flots est l'un des trois canots tout-temps de la Baie de Seine. Et le SNSM ne chôme pas. Ces trois dernières année, elle a vu le nombre de ses interventions augmenter de 40%. Et depuis sa mise en service, "on est à 350% de plus", affirme son capitaine Philippe Capdeville.

Oui mais voilà, "elle a l'âge de ses artères", 25 ans, et commence à montrer des signes de fatigue. "Ce sont des canots qui, s'ils ne sont pas maltraités, en voient quand même beaucoup. Même si l'équipage est toujours attentif à l'entretien, il arrive un moment où il faut penser à autre chose. On a perdu 20% de vitesse d'intervention. Ca se manifeste aussi par plein de petites choses, comme des problèmes électriques, qui mise bout à bout font qu'il va falloir y penser très sérieusement."

La formule 1 du sauvetage en mer

Et à vrai dire, la SNSM de Ouistreham y pense déjà depuis longtemps. "Le Sainte-Anne, en principe, était limité à 20 miles des côtes, même si on allait parfois beaucoup plus loin", raconte Philippe Capdeville, "Son remplaçant sera de facto autorisé à monter jusqu'à 50 miles, toujours par tout temps, avec une vitesse plus importante : on va passer à 25-26 nœuds, contre 17 à l'heure actuelle. Et c'est un bateau plus large. Qui dit plus large dit plus de place pour les personnes et les équipements de secours." La formule 1 du sauvetage en mer en somme. Qui a un coût : 2 millions d'euros. 

D'ordinaire, pour ces investissements "à neuf", les stations locales intègrent un programme pluriannuel qui leur permet de bénéficier d'un financement : le siège parisien de la SNSM, le Conseil départemental et le Conseil régional prennent chacun en charge 25% du coût d'acquisition du nouveau bateau. Le reste est financé par la station locale. La station calvadosienne pensait pouvoir compter sur un généreux donateur, un gagnant au loto qui s'est engagé à verser, à peu de choses près, les 2 millions requis. Mais en fin d'année dernière le conte de fée prend l'eau : le providentiel bienfaiteur se désiste, laissant la station de Ouistreham le bec dans l'eau.

Une flotte âgée dans le Calvados

Hélas, il est trop tard pour réintégrer le programme pluriannuel. "Si on attendait le processus, ce ne serait pas avant 2025-2027", indique Jacques Lelandais, le président de la SNSM de Ouistreham. "On a huit stations dans le Calvados et dans les 8-10 ans à venir, on a sept bateaux à remplacer. Le premier ce sera à Courseulles, puis Honfleur, Trouville-Deauville, Grandcamp-Maisy", liste Philippe Auzou délégué départemental de la SNSM, "Ce sont des investissements considérables. Pour le Conseil département, c'est 15 millions d'euros. C'est encore plus pour la Région qui s'occupe aussi de la Manche et de la Seine-Maritime."

La station locale de Ouistreham doit donc se débrouiller seule. Mais dans son malheur, celle-ci ne manque ni de chance ni de ressource. "Nous avons eu la chance d'avoir un leg d'une personne décédée qui a donné beaucoup à beaucoup d'associations", raconte Jacques Lelandais. Un don d'un million d'euros qui permet à la station de faire la moitié du chemin. "Nous avons aussi un compte pool au sein de la station qui, depuis 25 ans, est alimenté par nos ventes de calendriers, nos fêtes de la coquille et tout un ensemble de manifestations. Les sauveteurs de la station sont très disponibles pour ces possibilités de récupérer quelques subsides pour alimenter cette caisse."

Des bénévoles qui ne s'économisent pas

Philippe Auzou confirme : "De la même manière qu'ils ne s'économisent pas en mer quand ils vont chercher quelqu'un en difficulté, les bénévoles ne s'économisent pas non plus pour trouver de l'argent. C'est un travail permanent. Et ça vient en plus de la mission. Mais si on veut fonctionner, c'est comme ça." Car hors investissement à neuf, la SNSM compte en très grande partie (80% environ) sur les dons privés pour assurer son fonctionnement. "90% des frais de fonctionnement sont consacrés à la mission : le carburant du bateau, l'entretien du bateau, les équipements du bateau. Un canot tout-temps comme le Sainte-Anne, c'est entre 40 et 50 000 euros d'entretien et de charges chaque année."

A Ouistreham, il reste désormais 500 000 euros à trouver. La quarantaine de bénévoles de la station a repris lson bâton de pèlerins. Objectif : boucler le financement avant la fin du printemps. "Le chantier pourrait réinscrire notre bateau dans la liste des navires qui vont commencer à sortir incessamment sous peu", explique Jacques Lelandais. Les collectivités locales sont les premières sollicitées. Le maire de la commune s'est engagé à proposer un don de 50 000 euros au prochain conseil municipal. Le président de la communauté d'agglomération devrait également proposer une donation au conseil communautaire, selon le directeur de la station de Ouistreham. "Nous avons également sollicité des grandes entreprises du Calvados qui subventionnent de temps en temps de gros voiliers. Certes, c'est bien de financer les nouvelles technologies, mais je pense que, par solidarité, il serait aussi intéressant de donner un petit chèque à la station afin qu'on puisse aller rechercher ces voiliers en mer quand ils en ont besoin."

Une prise de conscience dans la population

Restent bien sûr les particuliers qui répondent d'avantage présents depuis la tragédie du 7 juin 2019 au Sables d'Olonne. "Le montant des dons croît, ça monte d'année en année. Je pense qu'il y a quand même une prise de conscience des gens", estime Philippe Auzou, le délégué départemental de la SNSM. "Nous avons cette chance à Ouistreham d'avoir une population qui est assez encline à nous aider", salue Philippe Auzou, le président de la station, "Même un petit billet de 10 euros, ça compte : les petits ruisseaux font les grandes rivières." Et les gros bateaux ? 

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