Quelques heures avant le dernier ferry pour Portsmouth, Français et Anglais se sont retrouvés dans les bars de Ouistreham pour soutenir leurs sélections respectives.
Dernier appel avant embarquement ! Chacun est prié de se présenter avec un billet valide et de ravaler ses larmes. Fin de soirée douce-amère pour les 200 passagers du Saint-Michel, dernier ferry à rallier Portsmouth depuis Ouistreham, samedi 10 décembre.
Hasard du calendrier, le retour du ferry concordait avec le quart de finale des sélections anglaises et françaises en Coupe du monde de football. Pour suivre l'épopée - malheureuse - des Three Lions, chaque passager avait sa technique.
"Pleurer en silence contre la vitre du ferry"
Si certains passagers britanniques ont dû se contenter d'un écran de téléphone portable, coincés dans la file de voitures qui se dirigeait à l'embarcadère, d'autres en ont profité pour rallier les bars de Ouistreham. À quelques mètres de l'embarcadère, changement de pavillon pour le restaurant Le Phare, "rempli aux deux tiers par des Britanniques", selon les dires de la gérante.
"Nous rentrons en Angleterre pour Noël, mauvais timing !"
Linda Llewellyn, supportrice anglaise
"J'aime les deux équipes, mais c'est sûr que si l'Angleterre perd, je pleurerai en silence contre la vitre du ferry", lâchait dans un sourire Linda Llewellyn, attablée devant l'écran de télévision. Son mari avait, pour sa part, un avis bien tranché : "Pas de risque ! Votre nourriture est bien meilleure que votre football". À chacun, dès lors, d'imaginer la finesse des mets servis.
Fin de match sur le bateau
En minorité, les Anglais ne se sont pas empêchés de faire entendre leurs voix, dans une ambiance très bon enfant. La rivalité franco-britannique, omniprésente en rugby mais quasiment inexistante en football, s'incarnait autour des bars et restaurants de la ville. Au milieu des drapeaux tricolores, on a retrouvé Lindsey et Paul, un couple de britanniques, accoudés au comptoir : "Quand tout le monde fait "ouiiiii", nous on fait "nooon", on est à contre-courant", s'amusait le couple.
Mais avec un départ de ferry prévu à 22 h, mieux fallait-il ne pas jouer les prolongations. Revenus à 1-1 après l'égalisation sur coup franc de Harry Kane (54e), les Anglais ont dominé dans les grandes largeurs une équipe de France bousculée. Le but de la tête d'Olivier Giroud (74e) offrait un peu d'air aux Bleus, mais ne douchait pas les espoirs britanniques. "Si on va aux prolongations et aux penaltys, on va devoir finir le match sur le bateau ! ", s'impatientait Paul.
Mais pas de miracle pour les Britanniques. Le dernier pénalty manqué, la défaite s'est avérée plus amère que le houblon (2-1). À peine le temps d'essuyer quelques larmes, au milieu de la liesse des supporters français, qu'il leur fallait déjà retourner au navire. Un retour express à la maison, faute d'y avoir ramené la coupe.
Les Bleus, sortis vainqueurs de ce duel rugueux, affronteront mardi 14 décembre le Maroc en demi-finale de Coupe du monde.
