Pas de trêve de Noël ou du nouvel an pour le zoo de Jurques dans le Calvados. Bien que le parc soit fermé au public jusqu'au 12 février, ses 750 locataires ont besoin d'une attention continue. A commencer par la nourriture. Viande, fruits, graines... En cette période de forte inflation, l'équipe animalière doit faire preuve d'imagination pour remplir l'estomac de tous les animaux.
On écoule une tonne de fruits et légumes par semaine explique Guillaume Ourry, le directeur du zoo.
On récupère beaucoup d'invendus. On sollicite les primeurs du coin pour les petits plus, pour tout ce qu'on a pas en surplus de supermarché.
Guillaume Ourry, directeur du zoo de Jurques dans le Calvados
Chaque espèce à son régime alimentaire. Pour les lémuriens, c'est carottes, pommes et petites framboises pour le plaisir, selon la saison. Chaque espèce a aussi ses coutumes si bien que dans chaque enclos le cérémonial est important.
Chez les lémuriens, ce sont les femelles qui décident. Souvent, c'est la matriarche qui vient sur mon épaule. Les mâles attendent sur le côté. Ce sont les petits et les femelles qui mangent en premier.
Océane Thomas, soigneuse
Les loups à crinière bénéficient d'un régime alimentaire équilibré et sous surveillance. Contrairement à leurs cousins carnivores, la nourriture se compose autant de viande que de légumes.
Dans la nature, les loups passent l'essentiel de leur temps à chercher de la nourriture. Chez nous, il ont des cuisiniers privés, ils n'ont pas besoin de chercher car c'est servi directement. On va donc cacher la nourriture pour les stimuler, faire en sorte qu'ils s'exercent à chercher.
Noémie Rolot, soigneuse
Amalya, cette jeune louve arrivée d'Allemagne se porte plutôt bien, elle a pris 1,5 kilos. Elle cohabite avec un congénère de Russie et pourrait bien prochainement agrandir le cercle familial.
Le zoo protège les espèces
Qu'ils soient nés à Jurques ou ailleurs, les animaux n'ont pas de valeur financière. Ce sont des dons ou des prêts. L'association des zoos et des aquariums à laquelle adhère la plupart des parcs français interdit le commerce des animaux. En revanche, les zoos sont des sanctuaires pour des espèces victimes de trafics. Exemple, ces macaques qui ont été achetés illégalement en Afrique du Nord par des touristes européens alors qu'ils n'avaient que quelques mois.
"Au début, c'est un bébé, donc c'est plutôt sympa mais quand il atteint l'âge de 5 ou 6 ans, il va devenir dominant au sein de son groupe. Les gens vont se retrouver démunis face à un animal qui va s'échapper de chez eux ou qui est saisi par la justice car il faut des autorisations pour détenir ces animaux là.
Guillaume Ourry, directeur du zoo de Jurques
Le zoo participe aussi à des programmes d'élevage et de conservation. Certaines espèces sont donc protégées, surveillées et les zoos s'échangent des individus pour éviter la consanguinité. L'objectif est de sauver des espèces menacées. C'est le cas notamment de ce pélican frisé qui arrive du parc de Trégomeur dans les Côtes d'Armor. "Au nourrissage, il y avait un peu de conflit dans le groupe, c'était donc le moyen d'apaiser les conflits dans le groupe", explique le directeur du zoo. "Comme nous avons déjà cette espèce d'oiseaux ici, c'est aussi l'occasion pour nous d'avoir de la reproduction."
Dans les zoos, chaque individu est intégré au registre national de son espèce. Les principaux établissements s'inscrivent à une base de données mondiale et mettent en commun tout ou partie de leurs informations. Cette base de données permet de gérer la variabilité génétique des populations ou de suivre la traçabilité génétique de tous les animaux, savoir qui ils sont, où ils vont.
Le dossier médical que je rempli va suivre l'animal tout au long de sa vie. Si on veut savoir quel est son parcours avant d'arriver ici, il suffit d'aller sur sa fiche pour identifier sa trajectoire de vie.
Romain Potier, vétérinaire spécialisé en médecine zoologique
C'est le cas par exemple de cette Maki rousse de Madagascar qui va tenter de sauver son espèce. Elle doit être transférée dans un autre zoo pour se reproduire puis, retourner à la vie sauvage au sein d'un petit groupe. Une opération qui sera suivie de très près pour s'assurer de sa survie.