Paul Vibert, originaire de Caen, a découvert le breakdance il y a presque 15 ans et ses journées sont maintenant totalement rythmées par sa passion. Lorsqu'il n'est pas en train de virevolter à un haut niveau, il dirige l'association SNT qui organise des évènements autour du breakdance ou transmet à des plus jeunes l'art de cette discipline. Le breakdance fera partie des nouveaux sports présents aux JO de Paris l'année prochaine.
C'est au Chemin vert, à côté de Caen, tous les mardis soir, que se retrouve l'élite régionale du breakdance. Dans cette salle en forme d'arène, les breakdancers de la région aiment venir se mesurer les uns aux autres, échanger, trouver l'inspiration.
C'est au cours de ses battles qu'ils peaufinent et améliorent leur style. Le but, comme le dit Hakim, breakdancer de 39 ans, "c'est de s'approprier un mouvement, trouver ce qu'on appelle une signature !". Beaucoup sont là pour défier Paul Vibert, " un grand d'ici" reconnaît Evan venu de Cherbourg pour "voir des choses qu'il n'aurait pas vues s'il s'était entraîné seul", et d'ajouter avec un air de défi :
Techniquement, il est au-dessus, mais je le rattraperai un jour !
Evan, 19 ans, breakdancer cherbourgeois
Mais le mardi soir, il n'y a pas que des b-boys (c'est ainsi que l'on nomme les breakdancers) qui viennent se frotter au "grand" Paul Vibert. Il y a aussi des b-girls, même si elles sont moins nombreuses. "Au début, je voulais prouver aux garçons que j'étais comme eux... maintenant, je m'en fiche, je veux juste me prouver à moi-même que je peux progresser", avoue Lou-Adèle entre deux-trois powermoves, ces fameuses rotations du corps, impressionnantes pour les néophytes.
Paul Vibert, alias Power-Paul, a fait de cette figure, sa signature. Le principe est simple sur le papier, les pieds ne doivent jamais toucher le sol, et le corps est en rotation. Pour Paul, "c'est une pratique hyper libre, je me retrouve dans l'aspect athlétique, la performance aérienne".
H-I-P-H-O-P !
Dérivé du hip-hop, le breakdance est né dans le Bronx à New-York au cœur des années 70. Il s'est vraiment développé en France dans les années 80, notamment avec la mythique émission de télévision sur TF1 animée par le DJ Sidney. En 1984, c'est même la première émission mondiale consacrée au hip-hop, sont filmées sur le plateau des battles entre jeunes ados breakdancers, dont certains auront une vraie carrière, à l'image de Joey Starr.
Le breakdance est inspiré du funk, de la gym, de la capoeira et même du Kung-fu. À l'époque de H.I.P.H.O.P, Paul Vibert est encore dans les limbes... À 29 ans, même s'il a plus de 15 ans de pratique, c'est le film "Street dancers" de Chris Stokes à l'âge de 14 ans qui va le rendre amoureux de la danse urbaine. Au lycée, il partage sa passion avec son copain Tanguy, alias, "IronSoul" avec qui il fondera SNT Crew, Style'n'Technik, une association de promotion du breakdance. Leur passion commune va les mener aux quatre coins du globe où ils vont se livrer à des battles. Mais les deux amis reconnaissent qu'avant tout, cela "leur a permis de partager, progresser, découvrir de nouvelles cultures via le breakdance....
C'est un peu l'objectif, de faire tous les pays où il y a du break, de performer...chaque pays a son style
Paul Vibert, breakdancer globetrotter
Paul Vibert a plusieurs casquettes
Power-Paul a participé à de nombreuses compétitions à travers le monde, mais aussi en France, il a notamment été double champion du monde de Bretagne dans sa catégorie. Ses modèles pour les spécialistes sont Marcio, Lil G, Vados, Lussy Sky ou encore Poe One. À 21 ans, Paul décide d'arrêter ses études pour se consacrer totalement à la danse. Avec le collectif SNT qui ne cesse de s'agrandir, ils organisent des évènements et des compétitions autour du breakdance, comme depuis dix ans, le festival "Battle Unity", une compétition internationale à Caen qui vient d'avoir lieu du 12 au 14 mai. Mais, comme le rappelle Johan, alternant vidéaste chez SNT, " le break, c'est aussi le partage, les soirées, les bars, les boîtes, rigoler, danser..."
Paul s'épanouit aussi dans la transmission aux futures générations de breakdancers. Il enseigne dans plusieurs écoles à Caen et alentours.
C'est le breakdancer qui fait le style !
Marin, jeune b-boy
Les plus petits ont à peine 6 ans, et les plus grands ont, eux, déjà adopté les codes, les vêtements, l'attitude ! Ce qu'ils aiment, c'est aller défier les autres, les yeux dans les yeux, en battle, comme les grands ! Pour Paul, le professeur, "Il faut arriver à les sortir de cet état enfantin, juste se rouler par terre ! … Ils ont l'impression que gigoter par terre, c'est du break ; mais pour que ce soit joli, c'est du travail".
Mais, quand on entend Marin, déclarer " on pense que le breakdance, c'est seulement la figure sur la tête, mais ce n'est pas que ça, c'est l'esprit, le style et la danse, surtout la danse !", on se dit qu'il est à bonne école et qu'avec la présence de la discipline aux JO, la danse sportive va continuer à faire tourner les têtes.