Retraites. En Normandie, les villes moyennes organisent aussi la contestation

Pont-L'Evêque, L'Aigle, Mortagne-au-Perche, Carentan. Ces villes moyennes de Normandie jusqu'alors peu habituées aux cortèges contestataires ont en commun d'avoir organisé une ou plusieurs manifestations depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. Une preuve de l'enracinement profond de la contestation dans le pays.

Pont-l'Evêque n'est pas réputé pays de manifestation. Son élégante place de l'ancien tribunal et sa fontaine centrale incitent plutôt à la flânerie qu'aux rassemblements d'opposition. Pourtant, ce jeudi 6 avril, la commune augeronne d'à peine 4 800 âmes figure sur la carte de France de la contestation, pour la deuxième fois seulement depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites d'Emmanuel Macron, en janvier. 

"Les habitants de Pont-l'Evêque nous ont contacté pour que l'on vienne, explique Pascal Mulot, de l'union locale CGT de Lisieux. Ce sont les premières mobilisations ici depuis Mai 68, donc c'est historique", renchérit-il. Ce n'est pas non plus anodin qu'une frange de la contestation lexovienne vienne prêter main forte à la commune voisine d'une vingtaine de kilomètres. "Il faut aussi montrer au gouvernement que le maillage de la contestation part des grandes ville et va jusqu'au cœur de la ruralité, appuie un autre syndiqué.

Le cortège qui emprunte la rue principale surprend le voisinage, pas habitué à pareille déambulation. "On n'a jamais eu ça du tout, s'étonne Annick, vendeuse à l'épicerie Coccinelle. Et il en faut. Vous voyez, si je ne travaillais pas, je serai avec eux. Je vais avoir 62 ans et je me bats aussi. Parce que 64, ça commence à être long quand même. Faut pas exagérer". Une habitante réagit elle aussi. "C'est normal que les gens manifestent partout. On en a ras le bol, il faut le dire. Et puis le 49.3, c'est comme une claque en plein visage". "Ca traduit l'impopularité de la réforme, l'impopularité de M. Macron", en conclut un Pontépiscopien venu se joindre au cortège. 

L'amalgame des ruralités ornaises, sarthoises et euréliennes

A Mortagne-au-Perche, la mobilisation est plus habituelle. Ce jeudi marquait la 7e journée d'action dans la commune du Sud-Est de l'Orne, sur 11 au total au niveau national. Pour faire corps, les syndicalistes mortagnais se sont alliés à ceux de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) et de La Ferté-Bernard (Sarthe). L'intersyndicale interdépartementale a mené une opération matinale de sensibilisation sur le rond point du Theil-sur-Huisne, puis les unions locales s'en sont allées manifester dans leurs villes respectives. A Mortagne, elle a rassemblé une centaine de contestataires. 

Non loin de là, plus au Nord, à L'Aigle aussi, on a remis le couvert. Le dernier rassemblement datait du, le 7 mars, soit un mois jour pour jour. 800 manifestants avait alors défilé dans un cortège plutôt joyeux, au rythme des percussions. Parmi eux, des salariés de l'hôpital et des entreprises du bassin économique, des enseignants et quelques lycéens. Ils étaient un peu moins ce 6 avril, mais la mobilisation a le mérite de tenir. 

Carentan et Avranches, petits mais costauds

Elles n'ont beau comptabiliser que 15 000 habitants à elles-deux, les communes d'Avranches et de Carentan sont en permanence au rendez-vous des journées d'action contre la réforme des retraites. Il faut dire que leurs positions éloignées des grandes villes leur permet de drainer un large bassin de population à rassembler.

Si les rendez-vous de ce jeudi 6 avril n'ont pas amassés les foules, c'est qu'un grand rassemblement est prévu ce vendredi au Mont-Saint-Michel. Les opposants à la réforme des retraites de toute la Manche et même des départements avoisinant ont prévu de s'y rendre. Des covoiturages sont mis en place aux quatre coins du 50, de Cherbourg (parking Norauto-Auchan, 6h) à Valognes (parking Leclerc, 6h15), en passant par Saint-Lô (parking du Conseil départemental, 7h15), Coutances (place de la Croûte, 7h30) et Avranches (place Carnot, 8h).