Sur les hauteurs de Port-en-Bessin-Huppain dans le Calvados, le golf d'Omaha beach est le plus prestigieux du Grand Ouest. Mais comme les autres, il souffre de la chaleur. Son système d'arrosage par électrovannes est à l'arrêt et son bassin de rétention d'eau accuse un niveau des plus bas.
Un bassin de rétention vital pour la survie du golf
Le bassin de rétention est alimenté par les eaux de pluies des chemins environnants, les rigoles qui descendent le long de la route ou encore les toits des bâtiments du centre Pierre et Vacances attenant au golf d’Omaha Beach . Son Directeur et greenkeeper Yohann Tanneau se désespère de voir son niveau d’eau baisser à mesure que l'été avance. « On a perdu un mètre cinquante d’eau depuis le début de la sécheresse , il reste soixante centimètres jusqu’au prochaines pluies » indique-t-il. « Chaque jour, je réduis d’1 ou 2 % l’arrosage pour économiser au maximum la ressource ».
Le golf d’Omaha Beach est l’un des plus grands de la région: deux fois 18 trous sur 160 hectares de végétation. "Nous n’arrosons plus que les green (zones des trous) entre 20 heures et 8 heures et augmentons les hauteurs de pousse de 3 à 6 millimètres pour éviter les tontes et ainsi économiser l’eau ». Précise Yohann Tanneau. Il poursuit: « Nous mettons tout en oeuvre pour offrir les meilleurs practices possibles aux joueurs. Nous regarnissons le gazon le plus possible, nous l’aérons en le piquant pour conduire l’eau jusqu’a la racine et le couvrons de billes de céramique pour garder l’humidité ».
Notre cauchemar: le craquèlement du terrain
Par chance, le golf est situé en zone grise par Propluvia le site de l’information sécheresse du gouvernement. Pas de restriction imposée dans l’immédiat mais cela pourrait être le cas si la sécheresse venait à durer. « Il y a toujours cet arrêté de 2005 qui nous permet d’arroser trois heures toutes les trois nuits » se rassure Yohann. Mais cela dépend bien sûr du niveau du bassin de rétention. « Pour l’heure, nous n’arrosons plus les fairway, ces zones de jeux qui entourent les green, ni les départs de circuit ». Conséquences, ces zones deviennent jaunes comme de la paille et pourrait craqueler, un cauchemar pour Yohann. « Des zones craquelées, cela signifie qu’il va falloir les refaire. Une société doit passer prochainement pour évaluer le coût des travaux que cela pourrait représenter » s'inquiète-t-il.
Les pratiquants s'adaptent et réfléchissent
Malgré tout, la fréquentation est au beau fixe. Le golf dispose d’un club de 450 membres et profite d’une clientèle fidèle mais aussi de passage. C’est le cas de ce groupe d’enfants d’une colonie de la SNCF venu s’initier dans des conditions qui ne sont pas optimales . « Le gazon est un vrai paillasson » indique Julien Thomas, professeur encadrant au golf et entraîneur à la Ligue « La balle n’est pas portée, ça rend le coup difficile . L’alternative est donc de la placer sur un "tee" pour la surélever » explique t-il. « L’objectif est de mettre les enfants en situation de réussite ». Parmi eux, Camille commente la situation: « On récolte ce que l’on a semé. Ce sont les générations futures qui vont subir, il n’y aura bientôt plus d’hiver comme dans les pays proche de l’Equateur."
« Il y a bien le gazon synthétique mais cela est très énergivore et polluant. Aux Etats-Unis, ils cherchent une herbe moins consommatrice d’eau ».
Antoine Rannou, animateur de colonie et étudiant en transition écologique
Le taux d’humidité conditionne en effet la qualité du gazon. Dans une herbe chevelue à 6 millimètres, Yohann Tanneau, le greenkeeper, plante son "Pogo", une sonde pour évaluer le niveau d’humidité. « 12% d’humidité !" lance-t-il. "On devrait être entre 25 et 30 %. Je suis ici depuis 15 ans, je n’ai jamais vu ça !! ».