Frédéric Yonnet est un virtuose de l’harmonica. Né dans le Calvados, il vit aux Etats-Unis depuis 2001. Le musicien a joué aux côtés de Stevie Wonder et de Prince. Depuis le confinement, il partage sa musique avec ses voisins à Washington et aussi avec les Normands sur les réseaux sociaux.
Une tournée de concerts à travers les Etats-Unis ? C’est ce que prévoyait Frédéric Yonnet avant la crise sanitaire. Changement de programme : le prodige de l’harmonica est confiné aux Etats-Unis à Washington, où il vit depuis près de vingt ans. « J’étais très frustré. Je tournais en rond, je perdais un peu la tête », raconte le musicien natif de Pont-l'Evêque, dans le Calvados.
Ambiance Dexter et Breaking Bad
Frédéric Yonnet a accompagné Stevie Wonder, Prince ou encore Alicia Keys. Il a aussi participé aux festivités de l'investiture du président américain Barack Obama en 2009. Pas question d’arrêter de jouer pendant le confinement. L'harmoniciste a accès à une maison vide et en rénovation à Washington. Il décide d’y installer instruments et matériel musical, pour accueillir pianiste, batteur, guitariste et bassiste.Distanciation physique oblige. Frédéric Yonnet opte pour un décor éclairé aux ultra violets « à la Dexter ou à la Breaking Bad », s’amuse-t-il. « J’ai installé des grandes bâches de plastique de façon à ce que les musiciens soient protégés les uns des autres avec ces espèces de masques géants », détaille l'harmonisciste. Le but ? « Continuer à être créatif et à faire de la musique ensemble. »
Ça balance à Washington…
En ouvrant les fenêtres, le voisinage se délecte des sonorités jazz. Certains sont aux premières loges. Accoudés à la balustrade des balcons, les habitants du quartier battent la mesure. D'autres se déplacent même avec leurs fauteuils pliables, pour assister aux concerts. Frédéric Yonnet salue son public en improvisant quelques notes sur le trottoir, applaudi et filmé par les passants.« Les règles du Covid-19 sont faites pour isoler les gens », constate le joueur d'harmonica. La crise sanitaire a transformé son rapport à la musique et au public. « La distanciation est bien physique mais la connexion sociale est renforcée et nourrie par la musique live », analyse l’artiste.
… et jusqu’en Normandie
« Nous sommes tous bloqués à la maison. La musique a ce pouvoir d’unir les gens avec une énergie positive et constructive (…). Pourquoi ne pas la diffuser ? », s’interroge le musicien. Alors très vite, Frédéric Yonnet et sa bande mettent en ligne les morceaux urban jazz qu’ils interprètent.Avec plus de 38 000 abonnés sur les réseaux sociaux, le génie de l’harmonica diffuse ses concerts confinés. Sur les plateformes Instagram, Facebook et Twitter, les performances musicales des cinq musiciens sont à suivre en direct chaque dimanche de 22 heures à minuit (heures françaises).
Ce rendez-vous hebdomadaire permet à Frédéric Yonnet de garder un lien avec la France et notamment avec sa région natale. « Pouvoir créer cette conversation même virtuelle avec la famille en France (…) et les voisins normands, c’est formidable », se réjouit cet américain d’adoption.
Attaché à ses racines, l’expatrié de 47 ans « transporte la Normandie dans [s]on ADN ». Il ironise : « je suis l’un des derniers individus à être né à Pont-l’Evêque, je trimbale ça partout ! ». Avant de préciser fièrement, le sourire aux lèvres : « j’achète du Pont l’Evêque au marché au moins deux fois par mois. J’ai mon Père Magloire dans le placard, je suis Normand dans l’âme évidemment ».