Une association caritative s'arrête, la présidente n'a pas de successeur : "Je laisse des gens dans le besoin"

La dernière distribution alimentaire de l’association Saint-Vincent-de-Paul à Deauville (Calvados) s'est déroulée jeudi 29 février, dans l'amertume. Personne n'a souhaité prendre la relève, alors que son actuelle présidente prend sa retraite.

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Après des nuits à douter, des semaines à repousser l'échéance, Danièle Épiphane franchit courageusement les portes du local associatif de Saint-Vincent-de-Paul, pour la dernière fois. L'antenne de Deauville (Calvados) qu'elle préside avec dévouement, fermera ses portes jeudi 29 février pour une période indéterminée.

"C'est très compliqué moi de quitter l'association, j'y pense en boucle depuis quatre heures du matin. On était comme une famille ici, on avait besoin les uns des autres", regrette Danièle qui organise les préparatifs de l'ultime distribution alimentaire.

Pas de repreneur à ce jour

La retraitée hyperactive vient de fêter ses 74 ans et ne pouvait pas garder son poste de présidente une année supplémentaire selon une règle étiquetée par l'association Saint-Vincent-de-Paul. Or aucun volontaire n'a souhaité prendre la relève.

Même si j'avais attendu trois mois de plus, il n'y aurait eu personne. Il fallait prendre la décision de partir une bonne fois pour toutes.

Danièle Épiphane, présidente de l'association

En cette matinée pluvieuse de février, les dix-sept bénévoles de l'association ont aussi le cœur lourd. Avant l'arrivée des bénéficiaires à 10h, ils installent en silence les produits sur les présentoirs : des yaourts, légumes en conserve, produits d'entretien et des vêtements.

"Je suis un peu émue, nous avions beaucoup de travail mais l'ambiance a toujours été super, témoigne Brigitte, revêtue d'un tablier noir, bénévole depuis huit ans. Le lien que nous avons avec les gens va me manquer. Ils ont besoin de nous".

Toujours en activité professionnelle, elle ne s'imagine pas présider l'association, faute de temps. Il faut récupérer la marchandise dans les supermarchés ; la peser et envoyer les résultats à la banque alimentaire ; puis veiller à ce qu'elle reste consommable la température des aliments est relevée. Au total, un investissement de quatre matinées par semaine, au service des plus précaires.

30 familles dans le besoin étaient aidées

L'association laisse derrière elle près de trente familles aux revenus modestes soit environ soixante-dix bénéficiaires. Plus que des denrées alimentaires, certains viennent chercher du réconfort et du soutien pour adoucir les périodes difficiles qu'ils traversent.

"Je venais pour ma fille qui s'occupe seule de ses trois enfants. Sans l'association, il faudra qu'elle travaille encore plus pour les nourrir. C'est bien dommage", se confie Claudine, ne pouvant retenir ses larmes. Elle enlace longuement Danièle pour la remercier du service rendu. 

Estelle* et son petit garçon chargent justement les sacs de courses dans le coffre de leur voiture, avant de faire leurs adieux aux bénévoles. Ils trouvaient un peu de secours au local depuis quatre ans.

Il m'ont beaucoup aidé. J'ai vécu des moments de partage avec eux. Nous avons créé des liens au fil des années.

Estelle, une bénéficiaire

Le centre de Saint-Vincent-de-Paul distribuait aussi de la chaleur humaine. "J'ai un pincement au cœur parce que ces gens sont devenus des amis. Grâce à eux, je me sens moins seule. Et même si quelqu'un reprenait l'association, ce ne serait plus pareil", témoigne Gyslaine, les yeux rougis par les larmes.

"Je laisse des gens dans le besoin et ce n'est pas ce que je souhaitais. J'aurais volontiers accompagné la personne après moi pendant quelques mois pour l'aider dans les débuts", regrette Danièle, alors que les derniers stocks de nourriture s'amenuisent sur les étagères.

Si l'engagement associatif de Danièle se termine un jeudi maussade d'hiver, rien n'empêche d'espérer que l'association renaisse bientôt, sous l'impulsion d'un nouveau bienfaiteur. 

*le prénom a été modifié

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