Ce samedi 9 janvier, pour la deuxième fois, des auxiliaires de vie sociale ont manifesté à Vire pour réclamer la prime covid prévue par le gouvernement pour les professionnels de santé. Employées par des particuliers, elles n'en bénéfiocient pas contrairement à leurs collègues du CCAS de la ville.
Ce samedi, Céline Douillet est sur le pont depuis 8 heures le matin. Elle a déjà rendu visite à trois personnes âgées et sa journée est loin d'être terminée. A raison d'une demi-heure par visite, elle va enchainer 16 prestations à domicile pour faire la toilette, le ménage ou la cuisine. Voilà 20 ans que Céline est auxilliaire de vie sociale (AVS). Au printemps dernier, durant le premier confinement, elle a continué à maintenir un lien social avec toutes ces personnes âgées bloquées chez elles. Le 4 août dernier, à Toulon, le président de la République rendait hommage à cette profession, soulignant "le rôle essentiel"et le "courage" des auxiliaires de vie. Le chef de l'Etat annonçait le versement d'une prime avant Noël. Cette prime, Céline ne l'a toujours pas touché. Et elle n'en verra peut-être jamais la couleur.
Et pourtant, ses consoeurs du CCAS (centre communal d'action sociale) de Vire l'ont, elles, bel et bien perçues. La mise en place d'une prime pour les AVS a constitué au départ un casse-tête administratif. Le financement de l'autonomie relève des Départements. L'Etat a accordé une enveloppe de 80 millions d'euros pour financer la moitié de la prime. Le reste étant à la charge des collectivités locales. Toutes n'ont malheureusement pas jouer le jeun. Comme le rapportaient nos confrères du Monde, les critères d'attribution ont varié d'un département à l'autre, la "générosité" variant selon les territoires. Mais surtout, certaines professionnelles ont été totalement exclues du dispositif comme Céline et une soixnataine de ses collègues qui ont manifesté leur colère pour la seconde fois ce samedi 9 janvier dans le centre-ville de Vire.
"On vit ça comme une injustice, on se sent oubliées, on n'a pas l'impression d'être reconnues. Et pourtant, on a fait le même travail que nos collègues du CCAS de Vire pendant le confinement. On a continué à travailler, on a pris des risques", explique Annabella Tribout, auxiliaire de vie sociale. Le CCAS de Vire emploie directement des AVS. Mais il met aussi en relation d'autres professionnelles avec des particuliers. Il n'est alors qu'un intermédiaire et non un employeur. Céline Douillet, Annabella Tribout et leurs collègues venues exprimer leur colère dans le centre-ville de Vire sont considérées comme "mandataires". "Ce sont les particuliers chez lesquels elles travaillent qu sont leurs employeurs. Eux seuls peuvent leur verser cette prime covid qui a bénéficié à leurs collègues qui font le même travail mais qui sont salariées d'associations", explique le maire de la ville et président du CCAS, Marc Andreu Sabater.
Ce samedi, l'élu est venu leur appporter son soutien. "Objectivment, elles ont été exposées et sont exposées au risque de contamination, ce qui est l'objet de cette prime. Elles le méritent." Mais il se dit impuissant. "Nous sommes dans l'incapacité de le faire juridiquement. Si on l'avait, on le ferait", assure le maire, "Si le CCAS (ndlr : dont il est président) prenait une telle délibération, elle serait retoquée par le contrôle de légalité, c'est à dire la préfecture. Il faut qu'on trouve une solution qui ne peut passer que par des accords entre l'Etat et les Départements."
Les auxiliaires de vie sociales mandataires ont prévu de manifester de nouveau samedi prochain.