Une trentaine d'agriculteurs de la Haute-Garonne a manifesté ce jeudi 28 novembre à Toulouse, devant les administrations symbolisant à leurs yeux les contraintes "aberrantes" qui pèsent sur leurs professions.
"Libérer l'agriculture des entraves administratives". C'est le mot d'ordre de la nouvelle journée de mobilisation des agriculteurs de la Haute-Garonne, à l'initiative de la FDSEA. Avec comme symbole un rendez-vous fixé ce 28 novembre devant la cité administrative de Toulouse.
Combattre les normes après le Mercosur
L'alliance FNSEA-JA choisit donc de placer cette semaine d'action sous le thème des "normes" qu'elle assimile à des contraintes entravant le quotidien des agriculteurs français. Une revendication de "simplification" baptisée "acte 2", qui fait suite à la mobilisation de la semaine précédente, consacrée elle à la perspective d'accord de libre-échange entre l'Europe et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).
Actions symboliques
Dans le département de la Haute-Garonne, une trentaine d'agriculteurs ont convergé à Toulouse pour une journée de démonstration de force. "Une petite mobilisation", précise Tristan Fava d'Albert, agriculteur à Muret et membre des Jeunes Agriculteurs. "Parce qu'on n'a pas encore fini les travaux dans les champs". Première "cible" de la FDSEA : la cité administrative de la ville. Les agriculteurs ont prévu la botte de paille, de quoi couvrir en totalité l'impressionnant escalier à l'entrée de l'établissement, sous les caméras et appareils photo d'une nuée de journalistes.
"Ils nous embêtent"
Tristan déroule le programme de la journée : "On va faire le tour de toutes les administrations qui nous embêtent, en guise d'avertissement." Le jeune agriculteur se plaint de la lenteur des services de l'Etat.
Leurs aides n'arrivent jamais à temps. mais pour les subventions nous on doit respecter les dates.
Tristan Fava d'Albert, agriculteur à Muret - JA31
En bas des marches, Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA 31, est plus incisif : "la cité administrative, c'est le symbole d'un Etat qui 'emmerde' les agriculteurs, et superpose les réglementations, française et européenne". Et l'agriculteur prend en exemple la culture locale de l'ail : "On subit plus de dix mesures contraignantes sur l'ail. Et jusqu'ici, rien n'a bougé malgré notre mobilisation du début d'année. Ça suffit"
L'OFB "trop tatillon"
Autre symbole d'un Etat "qui joue contre nous" selon le dirigeant départemental de la FDSEA : le cortège s'arrête à présent devant le siège toulousain de l'Office Français de la Biodiversité (OFB). Le temps de quelques tags sur la clôture. L'organisme qui fait respecter les réglementations sur l'environnement n'a pas la faveur des agriculteurs.
On a besoin ni de contraintes 'aberrantes', ni de policiers pour les faire respecter.
Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA 31
La question de l'eau
Dernier symbole visé par les manifestants, l'Agence de l'eau Adour-Garonne située à proximité. Puisqu'elle juge le dialogue "fermé à double tour", la FDSEA a prévu le poste à souder. En quelques coups de chalumeau, le portail d'entrée de l'administration est condamné par un cerclage métallique.
Arrivé de Caraman où il est agriculteur, Nicolas Thuries, le cosecrétaire des JA31 est venu réclamer un allègement des charges de gestion de l'eau pesant sur la profession : "Ce n'est pas à nous agriculteurs de supporter toutes les dépenses liées à l'eau". Au nom de la FDSEA, Luc Mezbah pointe la question du stockage : "Nous devons pouvoir stocker l'eau l'hiver pour que tout le monde en ait l'été. Comme le faisaient déjà les romains".
Nous voulons que l'Etat choisisse sa priorité : l'agriculture, pas les mesures environnementalistes.
Luc Mezbah, secrétaire général FDSEA 31
Une "grosse action" avant Noël
Le combat des normes, une étape pour les agriculteurs de Haute-Garonne, qui préparent déjà d'autres batailles à venir. Et un gros événement avant Noël" précise Tristan Fava d'Albert. "Parce qu'on n'a pas oublié qu'en début d'année, on nous l'a mis à l'envers".