L'association environnementale "Générations futures" a diffusé, jeudi 9 janvier 2025, sa carte "Géophyto" sur l'utilisation des pesticides en France. La Seine-Maritime et l'Eure figurent parmi les mauvais élèves, à la 11ème et 12ème place du classement, qui comprend les 100 départements français. Ce qui n'est pas sans conséquence sur la santé humaine.
L'association "Générations Futures" a publié, ce jeudi 9 janvier 2025, une carte interactive de substances et pesticides achetés, et donc potentiellement utilisés, dans les différents départements français en 2022.
En Normandie, l'Eure et la Seine-Maritime figurent parmi les mauvais élèves, respectivement classés 11ème et 12ème sur l'ensemble des départements français.
Une carte des achats de pesticides, à défaut de données sur l'épandage
Pourquoi une carte des achats ? Parce qu'il n'existe pas de données accessibles qui recensent le volume d'épandage des pesticides par département.
"Tant que les registres d’épandages ne seront pas rendus publics, ces données relatives aux achats de pesticides sont les meilleures indications disponibles à ce jour pour estimer les lieux d’utilisation effective de ces substances. Ainsi, grâce à cette carte, n’importe quel internaute pourra désormais savoir quelle substance active pesticide a été achetée, et donc probablement utilisée, près de son domicile", explique Générations Futures sur son site.
Pour naviguer sur la carte ci-dessous, cliquer ici.
Glyphosate, PFAS et autres polluants éternels
Les données rassemblées par l'association renseignent sur les tonnages des substances, mais aussi sur leurs propriétés et leurs potentiels dangers.
Parmi ces produits, on retrouve entre autres les herbicides, fongicides, insecticides, perturbateurs endocriniens, PFAS, substances interdites et autorisées en agriculture biologique... Le glyphosate est l'un des plus connus et controversés.
Dans l'Eure, l'achat de cet herbicide en 2022 est de 133,7 tonnes, ce qui place le département en 7ème position dans le classement. L'Eure est un mauvais élève aussi pour l'utilisation des perturbateurs endocriniens (4ème), des PFAS substances chimiques très persistantes (4ème), et des contaminants d'eaux souterraines (3ème).
En Seine-Maritime, l'achat de glyphosate s'élève à 121,7 tonnes en 2022, ce qui le place en 16ème position. Le département normand arrive aussi en deuxième position dans la catégorie des insecticides, avec 502,1 tonnes. L'utilisation de PFAS le place en 8ème position, 13ème pour les perturbateurs endocriniens, et 2ème pour les insecticides après le Pas de Calais.
Les autres départements normands apparaissent plus épargnés.
Quelle alternative aux pesticides ?
Joint par téléphone, Amaury Levêque, agriculteur et président du syndicat FNSEA27, réagit de façon pragmatique aux données exposées par l'association Générations Futures.
"Nous très clairement, l'utilisation de pesticides va dépendre de nos moyens de production. Quand vous êtes infestés par un puceron, on ne va pas épandre des coccinelles. Même chose avec le mildiou sur les pommes de terre ou les tomates. Nous n'avons pas d'autres alternatives que les pesticides. On a la même problématique sur la santé animale. Mais surtout c'est le climat qui va déterminer l'utilisation de pesticides, une année pluvieuse est plus utilisatrice qu'une année sèche."
Amaury Levêque se demande par ailleurs d'où viennent les données de Générations Futures, et dit manquer d'informations à ce propos.
Les conséquences de l'exposition aux pesticides
L'utilisation et l'épandage de pesticides ont des conséquences directes sur l'environnement et la santé humaine. Une partie de ces substances persistent dans les sols et les cultures dont nous nous nourrissons.
Si 80% des pesticides sont détruits dans le sol, 10% restent en terre et vont se retrouver dans nos aliments, et 7% passent dans l'eau. Ce qui en termes de santé publique a des conséquences délétères sur la santé. "En termes de santé publique ça fait des cancers, ça fait des insuffisances rénales et hépatiques. Et les agriculteurs en sont la preuve : ils ont par exemple 13% de Parkinson en plus à 55 ans", explique Marc-André Selosse, microbiologiste, spécialiste des sols.
La Gironde et l'Eure-et-Loir sont les deux départements français dans lesquels on utilise le plus de pesticides cancérogènes, mutagènes, et dangereux pour la fertilité humaine.
L'Eure-et-Loir est un département de grandes cultures et de plaines intensives, comme l'Eure, ce qui explique l'utilisation importante des pesticides.