Contrairement aux idées reçues, la Coquille Saint-Jacques est une ressource en pleine expansion

Eric Foucher est cadre de recherche à l'Ifremer, spécialiste de l'étude de la coquille Saint-Jacques. Après le conflit en mer entre pêcheurs britanniques et français, il fait le point sur l'état de la ressource. 

La coquille Saint-Jacques est-elle une ressource menacée? 

La réponse est non. Les politiques de préservation menées depuis 20 ans dans la zone européenne notamment avec une politique commune des pêches ont empêché une dégradation de la ressource. Car cette espèce n'existe que par son renouvellement naturel.

On la trouve partout en quantité en Manche-Est, entre la Hague et le Pas de Calais. La zone la plus riche est en Baie de Seine, c'est l'une des plus riches au niveau mondial, un énorme gisement biologique entre Barfleur et Antifer, divisé en deux zones d'un point de vue administratif ( dont la fameuse zone des 12 milles, l'une, au sud, est exclusivement réservée aux pêcheurs français,  également autorisés à pêcher dans l'autre zone des 12 à 20 milles, mais à compter du 1er octobre, contrairement aux pêcheurs britanniques par exemple). Près de 50 à 80 % des coquilles viennent de cette zone de la Baie de Seine. Il y a deux autres zones où on trouve de la coquille, au large de Dieppe et de la bouée de Greenwich. 

Par ailleurs, le réchauffement de la température de l'eau de la Manche est favorable au développement du bivalve. Les prélèvements que nous avons effectuées en juillet montre que la saison est encore meilleure que la précédente. Et plus il y a de vent d'Est, plus la coquille se reproduit. 

 Donc il y a beaucoup de coquilles...pourquoi une modération alors pour les pêcheurs français, est-il trop tôt pour les pêcher ? 

D'une part, les britanniques ont tout à fait le droit de pêcher dans les zones où a éclaté un conflit la semaine dernière. Ce qui est important à comprendre, c'est que ce n'est que depuis 2012 qu'on a vu arriver ces pêcheurs britanniques, cette zone communautaire a été ouverte en contrepartie, suite à la fermeture d'une zone de pêche en mer du Nord, celle du chalut à perche.

C'est donc une pêcherie récente et quand la ressource s'est amenuisée en mer d'Irlande par exemple, ils sont descendus dans cette zone où les coquilles sont globalement pêchées plus petites, avec une chair plus molle. Et si la chair est moins ténue, c'est à cause de la période de reproduction de la coquille Saint-Jacques, elle se situe en mai-juin, après cette période, l'individu est fragilisé, il doit reconstitué sa noix jusqu'en septembre. Voilà les raisons qui expliquent l'autorisation à compter du 1er octobre qui  ne s'applique sur cette zone, qu'aux français. 

Par ailleurs, dans la partie où les français pêchent de façon exclusive, eux à partir de mi-novembre jusqu'à mi-février, ls coquilles sont plus grosses que celles pêchées par les britanniques, elles sont donc plus chères à la vente. D'autant que dans cette zone française, on pratique une sorte de jachère, un coup à l'est, un coup à l'ouest, pour les laisser grandir. Entre une coquille de deux ans et et une de trois ans, c'est près de 25 % de poids en plus et ça se vend donc plus cher. Une coquille Saint-Jacques peut vivre une dizaine d'années et elle a une croissance rapide, elle atteint sa taille commerciale à 2 ans. 

C'est une espèce sédentaire qui ne bouge pas, elle ne se disperse que pendant sa période reproduction sous l'effet des courants et du vent. Pour être commercialisée, elle doit mesure minimum 11 cm si elle est pêchée en mer d'Irlande. 


Pourquoi les pêcheurs français sont-ils en colère? 

Pour une question de principe. Les français ont des petits bateaux contrairement aux britanniques, capable de draguer 4 à 5 fois plus, avec des outils moins sélectifs que les leurs. Pour certains bateaux français, la coquille représente 50 % du chiffre d'affaires et pour les plus petits, près de 85 à 90 %. Ils veulent donc pouvoir pêcher plus. 

Interview d'Eric Foucher dans notre JT soir du 3 septembre: 
 



 




 
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