Alors que l'EPR doit démarrer cet été, près d'un millier de manifestants, venu du grand ouest de la France a marché, sous la pluie, cet après-midi, pour dénoncer les projets d'EPR et la politique nucléaire du gouvernement.
Toute la semaine, le nucléaire a traversé les colonnes des journaux et la réponse de ses opposants ne s'est pas fait attendre.
Dès mardi, l'Assemblée nationale approuvait la fusion controversée de l'ASN, le gendarme du nucléaire, avec l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire). Un vote "obtenu à l'arraché", précise Sandrine Rousseau, la députée de Paris, présente dans le cortège.
J'ai une pensée pour les personnes qui travaillent dans ces deux organismes, dont l'indépendance est aujourd'hui remise en cause. On ne peut pas avancer comme cela sur le nucléaire. On voit que le gouvernement fait des économies sur la sûreté et c'est absolument impossible
Sandrine Rousseau, députée de Paris (Écologiste - NUPES)
Les manifestants ont donc décidé de démarrer leur cortège, aux pieds de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), à Caen, alors que la mise en service de l'EPR de Flamanville est également prévue cet été.
"C'est l'ASN qui doit donner le feu vert pour le démarrage du réacteur et nous leur demandons qu'elle prenne ses responsabilités et ne l'autorise pas, précise Martial Chateau, représentant du collectif anti-nucléaire de l'ouest.
Il y a eu un tel nombre de malfaçons. On ne peut rien exclure. Vous vous rendez compte, s'il y avait un accident. Le coût pour la population serait monumental.
Martial Chateau, représentant du collectif anti-nucléaire de l'ouest.
"Nous sommes aussi ici pour dénoncer la relance du nucléaire. C'est une technologie coûteuse et dangereuse. Aujourd'hui, on sait que le prix du mégawattheure nucléaire sera presque le double ou le triple du prix du mégawattheure du renouvelable et ça nous semble une aberration." poursuit-il.
Cela fait écho aux déclarations, ce vendredi, du PDG d'EDF. Luc Rémont affiche en effet, dans un entretien accordé à Contexte, son ambition de construire non plus "1 voire 1.5 réacteur par an en Europe", comme il le disait en novembre, mais "de livrer, à l'échelle européenne, deux réacteurs par an", assure-t-il.
⚡️ 🗣️ 💬 Luc Rémont, PDG d'@EDFofficiel : "Notre ambition, à l’échelle européenne, est de livrer deux réacteurs par an"
— Contexte (@Contexte) March 22, 2024
Dans un entretien à Contexte, il explore les implications de la "relance" du nucléaire en Europe sur les projet du groupe. https://t.co/bfEpeZyREJ
Un défi industriel colossal, pour EDF, déjà lesté d'une dette abyssale (54, 4 milliards d'euros) et de déboires à répétition pour l'EPR de Flamanville, qui se traduisent par deux chiffres. 12 ans de retard et un budget de 13,2 milliards d'euros, selon EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d'euros.
Le prochain EPR sur la liste, c'est Penly, près de Dieppe. Le chantier doit démarrer cette année et le collectif ne cache pas ses inquiétudes.
On se sent un peu seul. Les élus et les habitants ne se rendent pas compte du danger. Mais que faire ? C'est une machine tellement puissante. Même les scientifiques ne peuvent pas aller contre cette volonté politique de relancer le nucléaire qui est un non sens total. Economiquement, financièrement, écologiquement, c'est de la poudre aux yeux. C'est aberrant.
Alain Corréa, Stop EPR ni à Penly, ni ailleurs
Aujourd'hui, seules deux centrales dotées d'EPR d'EDF sont en marche dans le monde, en Finlande et en Chine, en attendant le démarrage commercial de l'EPR normand de Flamanville annoncé pour mi-2024.
Le chargement du combustible, étape cruciale avant le raccordement, est toujours officiellement prévu d'ici au 31 mars, mais l'autorité de sûreté a prévenu que le calendrier était "tendu"...