La Normandie est-elle en mesure de faire face à la progression annoncée des cas de Covid 19 ? Si les principaux CHU régionaux sont en première ligne, le secteur privé vient renforcer ce dispositif, tirant ainsi les leçons de ce qui n'a pas fonctionné dans le Grand Est.
Les malades contaminés par le coronavirus sont chaque jour un peu plus nombreux en normandie, mais la région détient encore pour l'instant les capacités hospitalières suffisantes pour y faire face.
En première ligne, on retrouve d'abord les centres hospitaliers universitaires comme le CHU Charles Nicolle de Rouen qui pilote pour l'instant la mobilisation des équipes et des besoins requis, mais aussi les prévisions de moyens à mobiliser pour les jours à venir.
Des réunions de crises pour organiser le réseau de soins
C'est lui qui, par exemple, a initié le mercredi 25 mars une vidéo conférence avec les dirigeants de toutes les cliniques privées de l'agglomération rouennaise, notamment celles qui disposent d'un service d'urgence comme la Clinique du Cèdre à Bois-Guillaume ou encore la Clinique de l'Europe, installée rive gauche à Rouen.Selon Richard Ouin, directeur de la Clinique du Cèdre, il s'agit avant tout d'organiser les moyens pour pouvoir intervenir dans un premier temps sur la détection des cas, leur première prise en charge et leur retour ensuite de réanimation, afin de libérer des lits équipés en respirateurs au CHU.
"Nous sommes prêts car toutes les interventions "froides" comme par exemple les poses de prothèses de hanches ou autres ont été reportées. Notre service d'urgence a été reconfiguré pour acceuillir les patients suspectés de COVID 19, avec un circuit spécifique, des prises de tempéraures à l'extérieur des locaux et un transfert ensuite dans une zone réservée."
La clinique de l'Europe en soutien au CHU de Rouen
Depuis la mi-mars, le plan blanc ayant été activé au CHU de Rouen, toutes les opérations chirurgicales non-urgentes ont été reportées. La clinique de l'Europe est ainsi devenue une base arrière de l'hôpital publique. 12 de ses 29 lits de son unité de surveillance continue ont ainsi été transformés en boxs de réanimation.La clinique privée pourrait absorber d'éventuels patients positifs si le CHU venait à saturer.
Nos journalistes se sont rendus sur place pour voir de quelle façon est organisé le tri des patients :
Reportage de Frédéric Nicolas et Olivier Flavien
Pour l'heure, la clinique qui accueille entre 5 et 12 cas suspects par jour, n'a eu aucun cas avéré.
Des dépistages bientôt disponibles dans les cliniques
Le personnel quant à lui est aussi en pleine préparation. Infirmières, médecins, anesthésistes, sont prêts à intervenir pour prendre le relais mais dans la mesure de leus capacités respectives en fonction de l'évolution du virus.A la clinique du Cèdre, par exemple, 4 cas de contamination au COVID 19 ont déjà été signalés dans les rangs du personnel soignant. Aux urgences, plusieurs cas de patients suspects au COVID 19 ont été détectés ces derniers jours, mais ils ont ensuite été redirigés vers le CHU, le seul à détenir pour l'instant des tests de dépistage.
Une situation temporaire, puisque les cliniques devraient recevoir d'ici 48 heures les matériels nécessaires pour dépister à leur tour.
A Caen, la mobilisation générale est déclarée
Et cette mobilisation générale est déjà bien organisée aussi à Caen, dans le calvados, où les cliniques privées comme celle de l'hôpital St Martin ont aussi unis leurs forces pour se ranger derrière le navire amiral que represente le CHU de Caen.Des unités spécifiques y ont été entièrement dédiées avec des zones hermétiques, sectorisées, séparées du flux normal des urgences, et des chambres équipées en respirateurs avec au total dans cet établissement, une cinquantaine de lits dont 10 pour la seule réanimation et 8 supplémentaires si besoin.
Pour l'heure, les patients atteints du COVID 19 ne se bousculent pas encore dans les stuctures hospitalières normandes.
A ce jour, la région aurait encore une petite semaine d'avance sur la progression de la maladie et continue de mettre ce délai à profit pour peaufiner son organisation sanitaire.
D'autant que des patients d'autres régions, comme ceux des Hauts de France pourraient y être prochainement redirigés.