Covid-19 Se soigner à l’hôpital reste essentiel, malgré la peur de la contamination

Faut-il se rendre dans un établissement hospitalier où le virus de la covid-19 circule? La réponse des soignants est un"oui" unanime, y compris à l’hôpital de Vire dans le Calvados, où le service de cardiologie a été fermé en raison d'un foyer épidémique. Se faire soigner demeure essentiel.

Des couloirs quasiment vides, des lits inoccupés, et un calme qui peut surprendre dans un service d’urgences. Au premier regard on comprend que la foule des éclopés et patients en détresse a déserté ce service de l’hôpital de Vire. Aucune attente, cela pourrait passer pour un progrès. Si ce n’est que le phénomène s’explique en partie par la peur suscitée par une contamination au Covid-19.

"Habituellement 40 à 45 personnes passent ici chaque jour, en ce moment, une vingtaine seulement pousse nos portes" constate le chef de service Allas Yazid. "C'est une tendance nationale" tempère-t-il immédiatement.

Dans cet établissement, un cluster a été détecté dans le service de cardiologie, fermé pour désinfection. Dans la région de Vire, le taux d’incidence est le plus élevé du département depuis janvier avec 280 cas pour 100 000 habitants recensés au 22 février.

Attraper la covid-19 à l'hôpital : "une peur irrationnelle"

Et pourtant, les AVC et autres maladies chroniques ne se sont pas moins fréquents qu’auparavant. Le directeur du groupement hospitalier de territoire, David Trouchaud insiste : "on a une circulation virale très importante dans le bassin virois, alors ce n'est pas étonnant d'avoir des cas covid ici. C'est comme de s'étonner qu'il y ait de nombreux bébés dans une maternité. Il arrive que nous ayons des contaminations au sein de l'hôpital, mais elles sont très minoritaires par rapport à celles qui ont lieu au sein de la cellule familiale". On l'aura compris : il faut rassurer et éloigner la crainte d'attraper le virus à l'hôpital jugée "irrationnelle". 

Les patients ne sont pas tous sur la réserve. A 40 km de là, l’hôpital Mémorial de Saint-Lô fait face à une très forte activité ces dernières semaines, notamment en chirurgie. Les flux de patients qu’ils soient « covid » ou « non-covid » sont importants.

« Aux urgences, il n’y a rien à craindre »

Depuis un an, ici comme ailleurs il a fallu faire face au risque de contamination par la Covid-19, et maîtriser des clusters hospitaliers. Pour le docteur Thomas Delomas, chef du Samu, " une personne qui hésite à se rendre à l’hôpital en urgence doit avoir à l’esprit que la levée de doute peut se faire par téléphone : d’abord, il tente de joindre son médecin traitant, s’il ne répond pas, il joint le 15. Si cette personne doit finalement venir aux urgences, il n’y a rien à craindre ici."

"S’il y a bien un endroit où on ne va pas attraper le covid, c’est bien au service des urgences. Le temps de passage est très court ici. On a organisé les flux de patients de telle sorte qu’un cas suspecté de covid ne peut pas croiser le chemin d’un autre malade venu pour une suspicion d’infarctus."

On ne laisse pas de place au hasard

Il reconnait que "de manière générale, les clusters hospitaliers peuvent être effrayants pour les gens. Mais l’hôpital fait preuve de beaucoup de réactivité et la procédure déployée est extrêmement rigoureuse afin d’éteindre les clusters rapidement. Les patients sont transférés dans un nouveau service dédié, les plafonds et les murs sont désinfectés. Aucune place n’est laissée au hasard."

La tension étant forte en terme d’hospitalisation à l’hôpital Mémorial de Saint-Lô, "plusieurs fois par semaine, on peut décider de déprogrammer certaines opérations prévues, mais jamais si l’on pressent une perte de chance pour le patient. Il ne serait pas acceptable éthiquement de laisser se dégrader un malade du cancer pour soigner un patient covid. Nous sommes sur une ligne de crête depuis des mois mais notre débauche d’énergie paie", affirme le docteur Delomas. Reste à savoir combien de temps les énergies seront mobilisables dans ce contexte. 

Retour à Vire. Ici les habitants sont appelés à se faire dépister afin de mieux maîtriser les chaines de contamination. Le variant anglais y est largement majoritaire, "qui dit fort taux d'incidence, comme c'est le cas du côté de Vire, dit risque de multiplication des clusters " souligne Benoît Cottrelle, directeur adjoint de la santé publique pour l'Agence Régionale de Santé. Pour lui aussi, une préconisation s'impose : "si un patient est très inquiet parce qu'il doit se rendre à l'hôpital pour une opération de la cataracte par exemple, qui n'est pas vitale, ou pourrait être repoussée, il ne doit sûrement pas décider par lui-même d'annuler son rendez-vous! Il faut en référer au médecin traitant, et en discuter avec lui. Il ne faut en aucun cas décider d'annuler seul une opération ou un rendez-vous." 

L'ARS met sur pied à la salle Polinière de Vire un centre de dépistage temporaire les vendredi 5 et samedi 6 mars. Le dépistage est gratuit, les habitants doivent être munis de leur carte vitale. 

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