Deauville: rencontre avec Eric Overmyer, le créateur de la série "Bosch"

Depuis six ans, le festival du cinéma américain accorde une place aux séries télévisées. Cette année, le scénariste et showrunner Eric Overmyer était invité à parler de son travail. Après The Wire et Treme, il supervise l'adaptation de l'oeuvre du romancier Michael Connelly. 

Le réalisateur Michael Bay, qui ne veut travailler que pour le grand écran, reconnaissait tout de même, ce vendredi en conférence de presse, une certaine créativité sur la petite lucarne. "La télé câblée a permis l'avènement d'une nouvelle ère de la mise en scène et du travail avec les acteurs", admettait le prince du film à grand spectacle. Parmi les oeuvres qui ont donné, aux yeux de certains critiques, ses lettres de noblesse à la série télévisée, Homicide, The Wire ou Treme figurent en bonne place. Eric Overmyer a participé à chacune d'entre elles.

Après une brève collaboration sur la série médicale "St Elsewhere", cet homme de théâtre fait ses véritables début de scénariste de télévision sur "Homicide", une série adaptée du travail du journaliste David Simon auprès des policiers de Baltimore (son livre "Baltimore : une année dans les rues meurtrières"). Tournée en 16mm, caméra à l'épaule, au plus près des acteurs, l'expérience ravit le dramaturge. "Il y a un lien intime entre l'écriture scénaristique et l'écriture filmique. Homicide faisait appel à ma façon d'écrire". 


Quand David Simon crée sa propre série, "The Wire", il fait appel aux services d'Eric Overmyer. "Contrairement à Homicide, The Wire était beaucoup plus rigide dans sa construction narrative, une construction en chapitres et non par épisode hebdomadaire", raconte le scénariste.

Bien que venus d'horizons différents (théâtre et journalisme), les deux hommes partagent des idées communes sur l'écriture d'une série, comme le rôle de la bande son. "Plusieurs séries et films américains abusent de la musique qui dit aux spectateurs ce qu'il doivent ressentir. David et moi préférons obtenir un tissu sonore évoquant l'environnement, l'atmosphère de la ville."

Les deux hommes s'associent ensuite pour créer "Treme". A l'origine, il y a leur envie commune de faire quelque chose sur une ville qui leur est chère, la Nouvelle-Orléans, sans savoir trop quoi. L'ouragan Katrina survient lors du tournage de "The Wire". C'est le déclic. David Simon et Eric Overmyer veulent raconter le retour à la vie après la catastrophe, au travers notamment des musiciens.  


La cité des anges

Autre projet, autre ville. La nouvelle série d'Eric Overmyer prend place dans la cité des anges. Le scénariste renoue avec le genre policier en adaptant sur le petit écran les "aventures" de Hyéronimus "Harry" Bosch, le flic abîmé par la vie et créé par le journaliste et romancier américain Michael Connelly. "C'est un ami commun, Georges Pelecanos (également écrivain et scénariste) qui nous a mis en contact. Michael venait de récupérer les droits auprès de la Paramount. Après plus de 20 ans et autant de livres, ça pouvait faire une bonne série".



Sur Bosch, Eric Overmyer est le seul maître à bord, le showrunner, celui qui supervise, du scénario au tournage en passant par le casting, toute la création et la fabrication d'une série. Il dirige notamment l'équipe des auteurs. "Le travail de l'équipe consiste d'abord à découper l'histoire en épisodes. On essaye d'obtenir une sorte de mini scénario pour chacun des épisodes que l'on peut ensuite donner aux auteurs spécifiques des scénarios. Ils les réécrivent et me les renvoient, je leur fais des notes, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on arrive à l'intrigue de chacun des épisodes".


Michael Connelly, le garde-fou

Le showrunner précise toutefois que "tout doit se faire avec l'accord ultime de Michael Connelly. C'est vraiment très précieux d'avoir l'auteur à nos côtés, il n'est pas le co-showrunner mais il a cette double fonction d'une part de nous apporter des idées nouvelles mais aussi d'être une sorte de garde-fou: quand on va vraiment trop loin dans une direction qui n'est pas celle qui lui paraît juste, il va nous dire que le personnage ne peut pas faire ça, on lui demande alors ce que le personnage ferait dans telle situation. C'est à ce titre que notre collaboration est fructueuse."

Les deux auteurs ont dû notamment procéder à quelques modifications inhérentes à toute adaptation. "Dans un des livres, un personnage dit à Harry Bosch: t'es un drôle de type, t'es morose et tu parles pas beaucoup. C'est pas terrible pour une série alors il parle plus que dans les livres", s'amuse Eric Overmyer. Si le premier roman date de 1992 (Les égouts de Los Angeles), la série prend place dans les années 2000. "On voulait qu'il ait 50 ans alors on a changé quelques éléments de son passé. On a conservé son enfance difficile. En revanche, il n'est plus vétéran du Vietnam mais de la première guerre du golfe".


Originalité de la série, elle n'a pas été commandée ou achetée par une chaîne de télévision mais un géant de l'internet, Amazon. Le marchand en ligne propose gratuitement à ses clients les épisodes pilotes de plusieurs projets de série. En fonction des retours, il décide ou non de lancer la production. Tout comme l'adaptation du "Maître du Haut-Château" (Philip K Dick) produite par Ridley Scott, Bosch a su convaincre les internautes. "L'épisode pilote était basé sur deux romans, La blonde en béton et Wonderland avenue, mais l'une des deux intrigues a été abandonnée et on a intégré, à la demande d'Amazon, un personnage de serial-killer issu du roman Echo park".

Alors que le tournage de la seconde saison est en cours, seuls les internautes anglo-saxons et allemands peuvent découvrir la série. Mais Eric Overmyer a déclaré ce samedi à Deauville que le co-producteur allemenand allait bientôt entrer en contact avec des diffuseurs français.

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