S’agit-il d’un dernier baroud d’honneur ou va-t-on vers une radicalisation du mouvement contre la réforme des retraites ? Raffineries, ports, routes, de nombreux blocages se sont poursuivis cette semaine alors que le texte est désormais sur le bureau du conseil constitutionnel. Quelle est la situation en Normandie ? Dans quel état d’esprit sont les partisans et les opposants à cette réforme ? Quels enseignements tirer de cette semaine agitée sur le plan politique ? Franck Besnier ouvre le débat dans ce nouveau numéro de Dimanche en Politique, ce dimanche à 11h30 sur France 3 Normandie.
Après le 49.3, une réforme nécessaire appliquée avant la fin de l’année ?
« Ça n’est pas un luxe, ce n’est pas par plaisir, c’est une nécessité » expliquait Emmanuel Macron lors de son interview télévisée mercredi dernier en précisant que la réforme serait mise en œuvre d’ici la fin de l’année après sa validation par le conseil constitutionnel. Le chef de l’État prêt à « endosser l’impopularité de cette réforme pour l’intérêt du pays ».
Sur le terrain, les élus de la majorité sont chargés de défendre le texte, une mission parfois compliquée quand on sait que deux tiers des Français sont opposés au texte avec le risque de représailles.
Les permanences des députés Bertrand Bouyx et Stéphane Travert ont été taguées et le week-end dernier, c’est le domicile de Betrand Sorre, député Renaissance de la Manche qui a été la cible de coupures de gaz et d’électricité.
Concrètement, oui, sur cette réforme, elle était nécessaire. On est face à une situation budgétaire qui impliquait de devoir réformer le système des retraites pour que le régime par répartition tienne. Oui, il fallait le faire maintenant. Oui, évidemment, comme chaque Français, nous savions que cette réforme ne serait pas chose facile, ça serait impopulaire comme la précédente réforme des retraites, porté par la droite à une époque ou par la gauche à une autre.
Floris LegrandPrésident de Renaissance Calvados
Vers une radicalisation du mouvement ?
« On sent bien que ça n’est pas le même climat, on a vu des casseurs se mêler aux défilés, ce n'était pas le cas avant » commente cette caennaise qui a participé à toutes les manifestations depuis le début du mouvement. Les manifestations qui étaient jusque-là déroulées dans le calme peuvent-elles échapper au contrôle des syndicats ?
Aujourd'hui, on ne peut pas mettre sur le même plan, et je les condamne, je pense que ce ne sont pas les bonnes manières de manifester. On ne peut pas mettre sur le même plan ce sujet-là et ce qui est en train de se passer aujourd'hui et ce que dénonçait notre collègue militant syndical sur la répression qui est en train de se faire en France du mouvement politique, syndical et social. Aujourd'hui, on a une évolution des techniques de maintien de l'ordre qui n'est pas acceptable. Je ne mets pas en cause les policiers qui, individuellement, font leur travail, font ce qu'on leur demande, font du mieux qu'ils peuvent la sécurité, mais il y a des consignes qui ont été donné de durcir la répression. Quand vous voyez qu'il y a 90% de personnes interpellées qui sont relâchées sans charge aucune derrière, c'est qu'il y a bien un problème derrière, dans la stratégie du maintien de l'ordre.
Arthur DelaporteDéputé PS du Calvados
Pour Lionel Lerogeron, secrétaire régional de la CGT, cette situation était prévisible. Le gouvernement en déclenchant le 49.3 a attisé les colères. Il condamne les violences qui ont émaillé les manifestations, mais rejette la responsabilité sur l’exécutif.
Ce sont les forces de l’ordre qui enveniment les choses. Aujourd’hui, ce n’est pas la CGT qui le dit, c’est la commission nationale consultative des droits de l’homme qui dit que la liberté de manifester et la liberté de la presse est en danger. Les forces de l’ordre ont changé de tactique. Aujourd’hui, elles chargent sans arrêt sur les jeunes, sur les vieux, dans les manifestations, c’est ça qui est à changer donc c’est bien le gouvernement qui se radicalise, qui est aujourd’hui totalement isolé et qui refuse de retirer une loi qui est totalement injuste.
Lionel LerogeronSecrétaire régional de la CGT
Une assemblée nationale : motion et agitation
C’est sous les huées que la 1ʳᵉ ministre Elisabeth Borne a engagé la responsabilité de son gouvernement en ayant recours au 49.3. Les passes d’armes avec les élus de la Nupes ont créé une agitation au sein de l’hémicycle et la première ministre, de rétorquer à Mathilde Panot, cheffe de file des élus LFI : « votre violence verbale a débordé dans la rue ».
Comment apaiser un pays alors que les élus n’ont pas réussi à s’écouter ? Des heures de débats pour en arriver à une motion de censure rejetée à 9 voix près. Où est l’esprit de concorde souhaité par le chef de l’Etat à son élection ? Les extrêmes ont-ils soufflé sur les braises, appelé au chaos au risque de ternir un peu plus l’image de la politique ?
C'est une ambiance intolérable. On donne une image, je trouve, à nos concitoyens, mais qui est lamentable. Comment est-ce que les députés peuvent se comporter de la sorte ? L'exemple qu'on donne à la jeunesse, par rapport à une République qui est censée être apaisée, où on doit avoir un débat, je trouve ça intolérable et que ce soit, à l'extrême droite comme à l'extrême gauche, ils ont tous eu à peu près la même réaction. Donc moi, je condamne fermement, parce qu'une fois encore, ça ne crédibilise pas, la politique telle que je l'entends avec un débat sain comme on peut l'avoir normalement dans un hémicycle qui est apaisé.
Jérôme Nurydéputé LR de l’Orne
Cette émission est à découvrir ce dimanche 26 mars à 11h30 sur France 3 Normandie et en replay sur la plateforme France.TV
La prochaine émission Dimanche en politique sera à suivre le dimanche 2 avril 2023 et sera présentée par Émilie Leconte depuis le Parc des Expositions de Rouen, à l'occasion de la 94ème édition de la Foire de Rouen.