Elections régionales 2021 en Normandie : 5 choses à retenir à l'issue du 1er tour

Hervé Morin bien placé pour le second tour, le Rassemblement National déçu et une polémique qui enfle autour de la distribution du matériel électoral... Que faut-il retenir de ce premier tour des élections régionales 2021 en Normandie ? On fait le point.

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Un président sortant qualifié haut la main pour le second tour, un Rassemblement National moins fringuant qu'annoncé, LREM en berne, une abstention record et une polémique autour de la distribution du matériel électoral... Nous avons fait le point sur ce qu'il fallait retenir de ce premier tour des élections régionales 2021 en Normandie.

Hervé Morin largement en tête du 1er tour

7 candidats étaient en lice pour ce premier tour des élections régionales en Normandie. Et à l'issu de cette première soirée électorale, c'est avec une confortable avance que le président sortant Hervé Morin, 59 ans, peut s'aligner au second tour. Il totalise 36.86 % des voix. Celui qui mène la liste "Vivre la Normandie" arrive donc largement en tête, loin devant le candidat du Rassemblement National Nicolas Bay, tête de liste "Faire gagner la Normandie", qui obtient de son côté 19.86% des suffrages.  

L'actuel président de la Région pense avoir pu compter sur son bilan pour obtenir ce résultat.
 

"Pendant 5 ans on a tout fait dans la Région, on a beaucoup redressé l’écosystème régional, avec la moitié de la région en situation de plein emploi. Je me disais tout ça devrait compter le moment venu pour une élection qui n’est pas une élection nationale".

Hervé Morin, Président de la Région Normandie et candidat à sa réélection

À la 3e place, la candidate PS-EELV Mélanie Boulanger récolte 18.37%. Le candidat LREM Laurent Bonnaterre, soutenu par l'ancien Premier ministre et maire du Havre Edouard Philippe, arrive en quatrième position avec 11.07%. Le député PCF de Seine-Maritime et candidat Sébastien Jumel lui, n'arrive qu'en cinquième position et avec 9.64% des voix, n'est pas qualifié pour le second tour.

Une abstention record

Les 3.339.131 résidents de la Normandie étaient appelés à voter ce dimanche 20 juin 2021, pour élire leurs nouveaux conseillers, lors des élections régionales et départementales. On savait que l'abstention allait être forte. Elle l'a été. Alors qu'en décembre 2015 un électeur sur deux s'était déplacé, un tiers seulement a glissé un bulletin pour se scrutin 2021. Le taux d'abstention est record et s'élève ainsi à 67,01%. 

"Tout a été fait pour que cette campagne régionale n'ait pas lieu", s'est offusqué Nicolas Bay (RN) qui détaille : "Elle a été la plus courte possible, on a déplacé la date, il n'y a eu aucun campagne du gouvernement pour expliquer et faire la pédagogie nécessaire pour expliquer qu'il y avait des régionales et des départementales. Bref, Emmanuel Macron avait sans doute intérêt à faire en sorte que ces élections régionales passent le plus inaperçues possibles mais évidemment ça a un prix démocratique".

La déception pour le Rassemblement National

Il a beau être 2e du scrutin, Nicolas Bay fait grise mine ce dimanche. Alors que notre sondage lui donnait 28% des suffrages, 4 petits points derrière le président sortant, il ne peut cacher sa déception à l'issu du premier tour. Car avec 19.86% des suffrages exprimés ce 20 juin, il est loin, très loin derrière Hervé Morin qui a réuni de son côté 36.86 % des voix selon nos estimations. 17 points, ce n'est pas rien. Et le report des voix, le rassemblement national n'a pas trop l'habitude de pouvoir compter dessus. 

Alors Nicolas Bay met ça sur le dos de "L'effondrement total de la participation", selon lui "une marque de défiance extrêmement profonde à l'égard du système politique, de remise en cause du fonctionnement instutionnel en France."

"On sait que quand la participation est très faible, c'est l'électorat populaire qui se déplace le moins. Nous avons été les premières victimes de ce phénomène."

Le candidat considère tout de même être "en mesure de rassembler au second tour". Il espère un sursaut électoral de la part de ses partisans, et "les invite à s'exprimer dans les urnes". Et égratigne déjà une future présidence de Morin chancellante, "parce que quand deux tiers des électeurs ne se rendent pas aux urnes, quelle va être la légitimité de celui qui va être élu président de région ?". "Le RN apparaît comme la seule vraie force d’opposition dans la région", poursuit-il.

Vers un duel Morin - Union de la gauche ?

Si les sondages prédisaient un match serré entre le centriste Hervé Morin et l’extrême droite de Nicolas Bay, ce qu’on voit au soir du 1er tour c’est que le vrai match qui se profile sera peut-être davantage entre Hervé Morin et Mélanie Boulanger, avec le rassemblement de la gauche et des forces écologistes.

Notre challenge, c'est pas de passer devant le Rassemblement National, c'est d'aller vers la victoire et de gagner la région Normandie pour y mener une autre politique.

Mélanie Boulanger, candidate PS-EELV

« Au second tour, souvenons-nous de 2015 : ça c’était joué à un cheveu", analyse Nicolas Mayer-Rossignol, maire (PS de Rouen) et candidat malheureux en 2015 (il avait perdu la région de 0.35 point). 

On sait qu’au second tour il peut se passer beaucoup de choses, notamment un surcroit de participation. Donc tout est possible. La victoire des forces de progrès est possible pour ce second tour et j’invite chacune et chacun à se rassembler autour de Mélanie Boulanger.

Nicolas Mayer-Rossignol, maire (PS) de Rouen

Et le maire de Rouen d'attaquer le président sortant sur des thématiques comme les transports, la formation des jeunes, la transition écologique… L'entre-deux tour a déjà commencé.

Et avec lui le jeu des tractations. Au jeu des alliances, les prochaines heures ou prochains jours nous diront si la socialiste Mélanie Boulanger peut compter sur le soutien de Sébastien Jumel (9.64%). 

Les enjeux du second tour, c’est "Est-ce que le Rassemblement National va arriver à redresser un peu la barre et rattraper un peu ses intentions de vote perdues ?" … et "Est-ce que l'union de la gauche peut effectivement s’affirmer comme la deuxième force régionale"…

Bruno Cautrès, politologue Cevipof et consultant France 3 Normandie

Et LREM dans tout ça ? Dans de nombreuses régions, on évoque une déroute des candidats marcheurs. La Normandie ne déroge pas à la règle mais trouve cela presque normal. L’actuel maire du Havre Edouard Philippe s'est ainsi exprimé à propos de Laurent Bonnaterre (11.07 %), qu'il a soutenu pendant la campagne : 

C’est un peu le combat de David contre Goliath. Hervé Morin est le président de la majorité sortante, il a une notoriété considérable, il a un bilan… Et donc il est évidemment dans une situation qui n’est pas celle d’un candidat qui a moins de notoriété, qui ne peut s’appuyer sur un bilan et qui est donc forcément à la peine quand il s’agit d’échanger des arguments dans une campagne qui par ailleurs compte tenu des mesures sanitaires, du faible taux de participation, rend difficile pour les candidats l’expression de différences ou même la formulation de propositions. C’est comme ça. Il ne faut pas s’en plaindre, il faut le savoir, le garder en tête mais il ne faut pas s’en plaindre.

Edouard Philippe, maire du Havre et soutien du candidat LREM Laurent Bonnaterre

Stéphanie Yon-Courtin, candidate LREM "Normandie terre d’avenir" souligne également "un score honorable parce qu’on était pas connu il y a encore 3 mois. On s’est retrouvé dans une campagne où il était quasiment impossible d’exister." Elle se concentre maintenant sur le second tour, en pensant "aux deux tiers des personnes qui n’ont pas voté", soulignant que "si la prime au sortant a marché partout en France, Hervé Morin fait partie des sortants qui a eu un des scores les plus faibles".

"Ce qui va être passionnant c’est surtout la configuration qu’il va y avoir au second tour", résume le politologue Bruno Cautrès.

La polémique autour de la distribution du matériel électoral

C'est un des coups de gueule de la soirée et la polémique pourrait bien enfler dans les prochaines heures. Il était un peu plus de 21h15 ce dimanche 20 juin quand nous avons pu entendre s’énerver en direct Nicolas Mayer-Rossignol, le maire PS de Rouen. "Je n'ai pas l'habitude d'élever la voix ou de m'agacer, mais là j'aimerais pousser un coup de gueule... J'ai fait la tournée des bureaux de vote à Rouen et j'ai vu quantité de citoyens qui n'ont pas reçu les documents électoraux, professions de foi, etc..." a-t-il déclaré depuis l'Hôtel de Ville. 

Comment se fait-il que ce gouvernement, que cet Etat, la sixième puissance mondiale, ne soit pas capable de distribuer à tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions, les documents électoraux ? C'est SCAN-DA-LEUX !

Nicolas Mayer-Rossignol, Maire PS de Rouen

Guillaume Pennelle, candidat RN et d'habitude pas très d'accord avec NMR, a rebondi sur les propos du maire de Rouen. "Je ne partage pas beaucoup d'idées avec Nicolas Mayer-Rossignol, mais il a raison. L'état a confié à la société Adrexo la distribution des circulaires. Ça a été fait dans des circonstaces absolument scandaleuses et il y a un responsable, c'est le gouvernement d'Emmanuel Macron : aucun spot à la télé pour qu'on participe à ces élections... tout a été fait pour qu'on assiste à des élections fantômes." 

"C'est clair que c'est un fait marquant", pour le politologue Cevipof Bruno Cautrès. "C'est apparu fortement auprès de tous les candidats que l'on a entendu. C'est quelque chose qui va être mis sur la table au lendemain des élections. Il peut y avoir des recours. Alors qu'on se pose des questions sur ce qui pourrait faciliter le vote, c'est extrêment fâcheux de voir ces problèmes alors qu'il va y avoir, liée à l'abstention, beaucoup de réflexion sur les modalité du vote et des réflexions sans doute sur le vote par correspondance. L'expérience qui s'est passée en Normandie ne va pas dans le bon sens."

Carte interactive. Régionales 2021 en Normandie : découvrez tous les résultats du premier tour

Cliquez sur la carte interactive pour découvrir les résultats dans votre région au fur et à mesure qu'ils seront entrés et validés par le ministère de l'Intérieur. 

Pour rappel, 50 % des sièges sont attribués à la liste en tête des votes au premier tour ou arrivée en tête au second, alors que la moitié restante sera distribuée, de façon proportionnelle, entre l'intégralité des listes ayant obtenu au moins 5 % des voix.

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