"Nous essayons de transmettre ce qu'il s'est passé il y a 73 ans à Hiroshima", témoigne le directeur du Mémorial de la paix d'Hiroshima, dont l'établissement a réalisé l'exposition visible au Mémorial de Caen jusqu'au 31 octobre 2018.
"Au moment du bombardement, il y a eu une lumière très blanche. J'ai pensé que j'allais finir ma vie ici. J'avais en tête l'image de mes parents, mes frères, ma grand-mère. J'ai couvert ma tête, mes yeux, et je me suis caché derrière une machine".Le récit de Yoshiko Kajimoto, survivante de l'explosion nucléaire d'Hiroshima venue témoigner à l'exposition consacrée au Mémorial de Caen à cette tragédie de la Seconde Guerre mondiale, rappelle la séquence du film d'animation Le Vent se lève, d'Hayao Miyazaki, où Kayo, une fille japonaise déambule dans les décombres de la cité en ruine.
Comme le maître nippon du film d'animation, Yoshiko Kajimoto raconte avec douceur mais force, cette catastrophe terrible qui s'est abattue il y a 73 ans sur Hiroshima et tua 140 000 personnes.
L'exposition intitulée sobrement "Hiroshima-Nagasaki, août 1945" est visible au mémorial de Caen du 20 septembre au 31 octobre 2018. Réalisée par le Mémorial de la paix d'Hiroshima et la ville de Nagasaki, l'exposition participe à la campagne internationale menée par les deux villes japonaises en faveur de la paix et de l'abolition des armes nucléaires.
"Tuer de plus en plus massivement"
"Ce sont deux villes qui ont connu des moments très difficiles historiquement, mais c'est la première fois que ces deux villes collaborent pour transmettre la mémoire. C'est très important. Nous essayons de transmettre ce qu'il s'est passé il y a 73 ans à Hiroshima", témoigne avec émotion Kenji Shiga, le directeur du musée Hiroshima Peace Memorial.Hiroshima a été à jamais marquée dans sa chaire par "Little Boy", la première bombe atomique lâchée en temps de guerre par le bombardier américain B-29 Enola Gay le 6 août 1945 à 8h15 sur la cité japonaise. Trois jours plus tard, une deuxième bombe A était envoyée sur la ville de Nagasaki cette fois. Le Japon capitula peu de temps après, le 2 septembre 1945.
"Cette exposition nous interroge vraiment sur ce que nous sommes capables de faire et d'être, sur ce que la guerre nous autorise à être. C'est peut-être ça la réelle monstruosité de la guerre. Elle nous autorise à tuer au nom du bien et du mal, et à tuer de plus en plus massivement", confie Stéphane Grimaldi, directeur général du Mémorial de Caen.