Le choix de la rédaction : la maltraitance animale, décryptage d'un phénomène inquiétant

Des chevaux, des ânes, des poneys tués ou mutilés… Depuis le début de l’été 2020, ces actes de cruauté envers les animaux, commis dans de nombreuses régions de France, ont fait la une des media. Une affaire de mauvais traitements loin d'être la seule en Normandie. Enquête.
 

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Un poulain de quatre mois retrouvé blessé à la tête et présentant une entaille près du rectum… La découverte a eu lieu dimanche 13 septembre 2020 au matin, dans un champ, près de Sées, dans l’Orne. La gendarmerie a ouvert une enquête.

Ce jeune cheval va-t-il rejoindre la longue liste d'équidés victimes d’actes de cruauté depuis juin, notamment en Normandie ?
 
Au moins sept cas ont été recensés en Seine-Maritime, un dans l’Eure, deux dans le Calvados et deux dans la Manche. 

Un phénomène pris au sérieux par le gouvernement qui a mis en place le 9 septembre un numéro d'appel gratuit destiné aux propriétaires de chevaux.
 


Le point sur l’enquête

D’après l’AFP, à ce jour, plus de 150 enquêtes liées à des mutilations d’équidés, parfois mortelles, ont été ouvertes.
 
Au moins une vingtaine de départements a été touché depuis les premiers cas mis au jour fin 2018 dans le Puy-de-Dôme. 
           
Après que le parquet d’Amiens ait été saisi lors de la découverte de trois chevaux ou poneys morts dans la Somme, l’oreille droite découpée, l’hypothèse d’une série s’impose au printemps 2020, avec une accélération des faits depuis début août.

Seul un propriétaire, dans l'Yonne, s’est retrouvé face à deux agresseurs venus s'en prendre à ses animaux. Un portrait robot a ainsi pu être réalisé. Un suspect, un homme de 50 ans, connu en Allemagne pour des agressions sur des animaux, a été interpellé dans le Haut-Rhin puis, relâché.
  

La maltraitance animale, un phénomène loin d’être nouveau

Invité du journal de France 3 Normandie, Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale à l’université de Grenoble, a publié en août 2020 la première étude de grande ampleur menée en France auprès d’adolescents sur la maltraitance animale.

Les chevaux sont des animaux accessibles, faciles à atteindre et généralement assez dociles. Il est donc possible de les blesser sans difficulté. Ils sont valorisés par les Hommes. Ils font aujourd’hui partie des animaux les plus appréciés par les Français et représentent un lien important. S’en prendre à eux c’est s’en prendre aux propriétaires et à la symbolique qui leur est attaché

Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale


Retrouvez l’intégralité de son interview réalisé le 9 septembre 2020 par Grégory Thélu dans le journal région de 19H. 
 

Des sanctions qui vont de l'amende aux peines de prison

Entre violence intentionnelle et absence de soins relevant de la négligence, la maltraitance animale reste un phénomène difficile à quantifier. Ainsi, en 2018, pour les seuls animaux domestiques, la Gendarmerie nationale recensait 9 504 infractions liées à des actes de cruauté ou de mauvais traitements.

Parmi ces mauvais traitements, à l’automne 2018, à Rouen, il y a l'histoire de ce chien malamute, prénommé Wang. Son sort avait ému tout un quartier.
 
Plus récemment, ce sont les agissements d'un vétérinaire dans l’Eure et le sort de Jon dans un cirque près de Vironvay (27) qui ont ému les réseaux sociaux comme nous le raconte Jean-Baptiste Pattier dans ce reportage. 
 

En cas de maltraitance animale, la loi prévoit des sanctions graduées en fonction de la nature des violences commises, qui vont de l’amende à la peine de prison.
 
 

Accueillir les animaux en détresse

Une fois ces affaires révélées, les animaux victimes de violence sont le plus souvent pris en charge par des associations de protection animale comme la SPA , l’association Stéphane Lamart … 

Parmi ces acteurs, la Fondation Brigitte Bardot. Depuis 1992,  dans l’Eure, à Saint-Aubin-le-Guichard, le refuge de la Mare Auzou accueille 1500 animaux sur huit hectares : des chiens, des chats, des oiseaux mais aussi des animaux de ferme abandonnés ou maltraités. 

En 2019, Hope et Vanille, ont fait leur entrée. Deux ânesses sauvées in extremis. Leur histoire est racontée par Damien Wolff, leur soigneur.
 


Le phénomène de la maltraitance animale est-il en augmentation en Normandie ?

Responsable du refuge depuis 20 ans, Emmanuelle Dujardin évalue à 40% la proportion d’animaux victimes de mauvais traitement accueillis à la Mare Auzou.
 

Les mentalités ont changé. Il y a quelques années, la maltraitance était peu évoquée notamment dans la presse. Les réseaux sociaux n’existaient pas. Le public est aujourd’hui plus préoccupée par la question du bien-être animal. Il n’hésite plus à faire un signalement.

Emmanuelle Dujardin, responsable du refuge de la Mare Auzou


Un sentiment corroboré par un sondage réalisé en août dernier par l’IFOP pour la Fondation Brigitte Bardot. D'après cette étude, 2/3 des Français se prononcent en faveur d’une amélioration de la condition animale.
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