C'est un sport de combat spectaculaire, jugé parfois violent : le MMA attire de plus en plus de jeunes pratiquants dans les salles de sport... Mais aussi des employeurs. Des rencontres pour le moins surprenantes, imaginées à Val-de-Reuil (Eure) par un ancien boxeur. Découverte.
Le MMA, tremplin vers l'emploi ? C'est le challenge que s'est lancé Stéphane Gomis. Avec 47 ans, l'ancien vice-champion du monde de boxe thaï a imaginé un dispositif insolite pour guider les jeunes sur le chemin du travail, à travers le sport.
Du MMA pour retrouver le chemin du travail
En moins d'un an, l'académie qu'il a fondée à Val-de-Reuil, dans l'Eure, a convaincu une soixantaine de licenciés.
Dans le MMA, il y a tout ce qui est technique, il y a la discipline, l'engagement, le dépassement de soi... Les jeunes demandent beaucoup ça.
Stéphane Gomis, fondateur de la Quibacor Academyà France 3 Normandie
"Chercher un boulot, c'est un parcours du combattant"
Mais alors, comment ça marche ? Les licenciés en recherche d'emploi rencontrent des recruteurs en quête de nouveaux collaborateurs, dans un contexte familier, au cœur de leur salle de sport, et en tenue. Ce jour-là, Stéphane Gomis a convié des représentants d'agences d'intérim et de réseaux d'entreprise.
Son ami Omar Atmani, spécialiste de l'insertion professionnelle, ouvre une passerelle entre les deux mondes : "C'est un combat d'aller chercher un boulot. C'est un parcours du combattant, tout le monde nous dit ça. Même pour une formation, une orientation, une alternance".
Théo Bour, licencié de la Quibacor Academy, échange avec Élodie Saulnier, directrice de l’agence Alliance Emploi Rouen. Il cherche un CDI, nourrit l'espoir de s'acheter une voiture - enfin - et une maison. Sans faux-semblants, l'échange semble concluant. "Ça nous permet de voir les gens en temps réel en train de faire quelque chose, et pas en entretien", assure la recruteuse.
Sandy Sagot, responsable de compte chez Randstad, abonde : "Ils ne sont pas en train de se demander si ce qu'ils disent est bien. C'est beaucoup plus ouvert : on est dans le naturel, c'est ce qu'on va aller chercher."
"Faire le lien entre le sport et l'emploi"
Si les pistes proposées à Théo se concrétisent, le jeune homme de 24 ans pourrait ainsi être recruté comme cariste, devenant le premier combattant de l'académie à bénéficier de cette initiative. "Aujourd'hui, j'ai un contact, et peut-être que ça va aboutir sur quelque chose, se réjouit-il. Je l'espère en tout cas."
Certaines personnes disent : "traversez la route pour trouver un travail". C'est plus dur que ce que ça en a l'air. Il faut toujours se dépasser. Quand il y a un échec, il faut continuer à aller chercher. Ces valeurs se rapprochent beaucoup de celles du sport.
Théo Bour
"On est sur un sport de combat, mais ça va plus loin, c'est un dépassement de soi, assure Sandy Sagot. Physiquement, ça demande beaucoup. Nous, on va aussi chercher ces choses-là. On va se dire que la personne donnera autant au niveau du travail, c'est un état d'esprit intéressant pour les recruteurs."
"Je suis la caution des employeurs. J'arrive à faire le lien entre le sport et l'emploi, résume de son côté Stéphane Gomis. Moi-même, je suis passé par là. Quand les employeurs recrutent, ils viennent nous voir et nous demandent ce que l'on pense des jeunes. On leur dit : 'ce jeune-là est bien, il est motivé, discipliné, vous pouvez travailler avec lui'."
Regardez ce dossier préparé par Félix Bollez et Patrice Cornily :
Le sport devient alors un levier pour se révéler et se connecter aux autres. Cette année, la Quibacor Academy espère ainsi permettre à une vingtaine de jeunes de s’accomplir professionnellement.