Des policiers ont été agressés à plusieurs reprises dans la soirée du dimanche 10 novembre 2024 à Evreux. Une « réaction » à la lutte contre le trafic de drogue, selon le maire de la ville, Guy Lefrand (DVD). À l’instar des habitants et des syndicats de policiers, l’élu se dit choqué, mais pas étonné.
Des guets-apens. C’est ainsi que Guy Lefrand (DVD) qualifie ce qui est arrivé à des agents de la Police Nationale dans la soirée du dimanche 10 novembre 2024, dans le quartier de la Madeleine, à Evreux (Eure). Le maire de la ville évoque deux épisodes distincts.
D’abord, les policiers étaient venus en aide à des pompiers empêchés d'agir dans le cadre de l’incendie volontaire d’un feu de poubelle. Ensuite, ils intervenaient dans un immeuble. Dans les deux cas, ils ont été entourés par une "foule hostile" et ont subi des menaces et des jets de projectiles.
« Ce qui s’est passé ce week-end est un phénomène réactionnaire », assure l’élu. « La police, la ville et les services de l’état luttent en permanence contre le trafic de drogue. Les coups de pied dans la fourmilière, ça énerve les fourmis ».
Guy Lefrand a notamment annoncé une série de mesures en octobre dernier face à l’insécurité. Recrutement de 15 agents de police, augmentation du nombre de caméras de vidéosurveillance (passé de 12 à 109 en 10 ans) et ce n’est pas tout : la Ville menace aussi de couper le financement de certaines structures accusées de complaisance avec les dealers, ce que dénonce l'opposition.
La résignation des habitants
Le maire assure ne pas prendre ces dispositions à des fins électoralistes, à 18 mois des municipales, et assume ses engagements : « si on doit supporter des violences et des difficultés urbaines, on le fera, tant que ça permet de libérer la population du quartier ».
La population, justement : que pense-t-elle de cette situation ? «À partir de 20H le soir, je ne sors plus », nous confie un habitant de la Madeleine, à cause des « attroupements » devant des magasins ouverts tard la nuit ou au pied des immeubles. « Ils viennent squatter, mais les bailleurs nous ont dit qu’ils s’en foutaient du trafic, du moment que ça permettait aux parents de payer les loyers », dénonce-t-il.
Pour Valérie, croisée, plus loin, « le quartier était mieux avant ». « Il manque de magasins, de vie ». Elle regrette des journées trop calmes, et des soirées trop mouvementées. « Par moments je me sens en insécurité ; quand on appelle la police, soit ils ne viennent pas, soit ils arrivent trop tard. »
Johann Maugé, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police de l'Eure, demande plus de moyens et d’effectifs, estimant que "la lutte contre le narcotrafic nécessite beaucoup de moyens humains, de matériels, et du temps".
Comme le maire de la ville, et comme ses habitants, le policier partage sa résignation. Les violences urbaines suite à des arrestations pour trafic de stupéfiants sont "récurrentes". "Une triste habitude", résume-t-il.