Election présidentielle : les maires sont très sollicités pour le parrainage des candidats

A moins de 100 jours de l'élection présidentielle 2022, les élus locaux sont courtisés. Mais dans les communes rurales, certains maires ne veulent plus accorder leur parrainage. Exemple dans le département de l'Eure

Pour se présenter à l'élection présidentielle, un candidat doit réunir 500 parrainages et les envoyer au Conseil constitutionnel, qui, après vérification et contrôle, pourra ensuite publier une liste officielle de ceux et celles qui se peuvent se présenter (au suffrage universel) devant les électeurs pour être élu président de la République.

Pas que les maires

Les 500 parrainages doivent provenir d'au moins trente départements ou territoires d'outre-mer, sans que chacun puisse en fournir plus d'un dixième soit 50 pour un même département ou une même collectivité, précise le Conseil constitutionnel qui ajoute que les maires ne sont pas les seuls à pouvoir répondre aux demandes des candidats.

D'autres élus peuvent faire acte de parrainage : les députés, les sénateurs, les conseillers départementaux, les conseillers régionaux, les présidents de communauté de communes, les maires délégués de communes associées…  

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#OVE - On vous explique - Le parrainage des candidats à l'élection présidentielle ©France Télévisions

Des élus locaux très sollicités

Les mois qui précèdent une élection présidentielle sont l'occasion, pour une grande majorité de candidats, d'une "course aux signatures" pour pouvoir obtenir les 500 parrainages. C'est ainsi que les élus locaux, et particulièrement les maires, sont très courtisés.

Exemple dans le département de l'Eure avec Valéry Beuriot, maire (PCF) de Brionne, qui depuis le mois de novembre 2021 a déjà reçu une dizaine de courriers et de mails. Et comme il l'a expliqué à notre journaliste Frédéric Lafond, ce système "à bout de souffle" doit selon lui être réformé :

"Il faut un filtre pour essayer de faire en sorte qu'on se retrouve avec des candidatures farfelues, trop régionalistes ou trop communautaristes. Mais il me semble qu'aujourd'hui, quand on voit des candidats, qui potentiellement  peuvent recueillir des millions de suffrages, peiner à trouver ces parrainages pour se présenter à l'élection suprême : c'est un vrai problème démocratique ! "  

"La République a besoin que les citoyens s'intéressent à la chose publique, et face à l'abstention, tous les moyens qui permettent de donner la parole à nos concitoyens, sont de bonnes voies pour reconquérir la démocratie."

Valéry Beuriot, maire (PCF) de Brionne, le 10 janvier 2022

Valéry Beuriot propose donc qu'on fasse évoluer la procédure en s'inspirant de ce qui se fait chez nos voisins :
"Dans d'autres pays européens, on a le système de parrainage citoyen. Je pense que c'est une bonne solution, c’est-à-dire qu'on pourrait  s'appuyer, par exemple, sur 100.000 ou 150.000 signatures de citoyens français. Et c'est un système  qu'on pourrait d'ailleurs mixer avec le système actuel de parrainage d'élus."

"Ainsi on aurait à la fois de la démocratie  représentative et de la démocratie directe. Ce qui fait qu'on aurait une démocratie renouvelée avec un nouveau souffle et qui soit bien sur ses deux jambes, car en 2022, la République a besoin que les citoyens s'intéressent à la chose publique. Les élections qui se succèdent voient l'abstention grandir, et je pense que tous les moyens qui permettent de donner la parole à nos concitoyens, sont de bonnes voies pour reconquérir la démocratie."

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A moins de 100 jours de l'élection présidentielle, les maires sont très sollicités, certains, en milieu rural, ne veulent plus accorder leur parrainage. ©France Télévisions

Peur des conséquences

S'ajoutant à l'abstention, la défiance des habitants envers leurs élus locaux est un phénomène relativement récent qui s'est accentué depuis l'augmentation du nombre de communautés de communes, dont les présidents ne sont pas élus au suffrage direct par les électeurs des municipales, mais par les maires entre eux. Les communautés de communes ayant, par ailleurs, dans bien des cas, repris des compétences aux communes, comme celles de l'urbanisme, de la voirie, de la propreté…

Ce qui, pour des maires, n'est pas toujours évident à expliquer à des administrés qui ne comprennent pas que les décisions qui les concernent directement soient prises ailleurs que dans leur commune 

Elue (sans étiquette politique), Laurance (avec un a) Bussière est maire  de Daubeuf-la-Campagne, une commune rurale de 242 habitants située entre Louviers et Le Neubourg (Eure). Comme d'autres maires, elle reçoit des demandes (pressantes) de rendez-vous pour des parrainages de candidats à l'élection présidentielle.  

Craignant que sa commune soit pénalisée, "punie", elle a décidé ne pas signer pour les candidats :  
"Moi, cette année j'ai décidé de ne pas donner de parrainage parce que je l'ai fait la dernière fois et cela a eu des conséquences ! Par exemple des subventions non accordées, ou alors, on n'est pas bien entendu… C'est un problème, et c'est pour cela qu'il faudrait remettre les parrainages anonymes."  

"Nous les maires ruraux, les maires de petites communes, on veut être libres, avoir la liberté de dire ce qu'on veut"

Laurance Bussière, maire (SE) de Daubeuf-la-Campagne et présidente de l'association des maires ruraux

Laurance Bussière confie avoir consulté plusieurs de ses collègues qui, en 2022, vont faire comme elle, rappelant que "gérer une commune est difficile, et que les maires, ils essaient de faire le nécessaire pour pouvoir faire vivre leur commune."    

Le choix du parrainage est public

Les noms et de la qualité des élus qui ont parrainé un candidat sont intégralement connus à l’issue du recueil des demandes, et, précise le site Vie-publique.fr, "a lieu en continu (au moins deux fois par semaine) au fur et à mesure de la réception des parrainages avec une liste actualisée en temps réel sur le site internet du Conseil constitutionnel. La liste définitive des parrainages à la fin de la période de recueil est également publiée huit jours au moins avant le premier tour du scrutin sur le site du Conseil et au Journal officiel."   

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