Construit à la fin du 19e siècle, le barrage de Poses (Eure) fait l'objet de grands travaux de rénovation. Cet ouvrage d'art, qui matérialise la limite entre la partie maritime et la partie fluviale de la Seine, joue encore aujourd'hui un rôle-clé.
Comme le savent les visiteurs de l'Armada, la Seine permet la remontée des grands bateaux venus de la mer jusqu'à l'intérieur des terres. Jusqu'à Rouen, qui est ainsi un port maritime.
Si les navires, comme les grands voiliers et les cargos ne peuvent remonter plus loin que le pont Guillaume le Conquérant, premier obstacle en travers de la Seine en venant du Havre, le flot de la marée va quant à lui beaucoup plus loin. Après Rouen, la marée remonte les méandres de la Seine pendant encore 40 kilomètres, jusqu'au barrage de Poses qui est la véritable séparation physique entre la partie maritime (en aval) et la partie fluviale (en amont).
"En fait, sans le barrage de Poses, nous n'aurions quasiment pas de navigation sur la Seine."
Dominique Ritz, directeur territorial de Bassin Seine-Eure / Voies Navigables de France
Un barrage très ancien mais encore utile !
C'est à la fin du 19e siècle que l'on a commencé, au départ de Paris, les travaux d'aménagement de la Seine pour augmenter, améliorer et fluidifier la navigation fluviale en direction de la Normandie.
Entre les îles et les bancs de sable, des voies de circulation ont été aménagées et on a construit, en plus des cinq écluses situées entre le port de Gennevilliers-Paris et celui de Rouen, deux barrages dans le département de l'Eure : l'un à Port-Mort, l'autre à Poses.
Ces barrages ont pour fonction de réguler le niveau d'eau de la Seine et de rendre possible de façon permanente sa navigation, même en période de sécheresse ou de crue.
Celui de Poses, construit en 1887, a encore son utilité en 2022, comme l'a expliqué Dominique Ritz, directeur territorial de Bassin Seine-Eure / Voies Navigables de France à notre journaliste Frédéric Lafond :
"Sans ce barrage, nous n'aurions quasiment pas de navigation sur la Seine, ou nous n'aurions de navigation que dans les périodes de hautes eaux, c’est-à-dire pendant les périodes hivernales. Pour avoir une navigation tout au long de l'année, il nous faut des barrages : cela permet de garantir un tirant d'eau qui permet à des bateaux jusqu'à 5000 tonnes de circuler aujourd'hui sur la Seine."
Un grand chantier de modernisation
30 % du trafic fluvial français passe par Poses. Vieillissant, le barrage, long de 210 mètres, nécessite d'importants travaux. Il s'agit, sans interrompre la circulation des bateaux, ni empêcher la régulation du niveau d'eau, de refaire à neuf ses infrastructures et de moderniser ses équipements.
L'enjeu étant de développer la "mobilité décarbonée" et d'augmenter la part du transport de marchandises via le fleuve, notamment sur "l'Axe Seine" entre les ports du Havre, de Rouen et de Paris.
Un enjeu économique, mais aussi environnemental comme le précise Vianney Bœuf, chef de l'unité territoriale des Boucles de la Seine / Voies Navigables de France :
"Il faut rappeler qu'un convoi fluvial de 4000 tonnes, ce sont 200 camions en moins sur les routes (…) cela permet de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre."
Par ailleurs, ce barrage de Poses permet aussi, en plus de sa fonction de régulation de l'eau de la Seine, de favoriser la biodiversité et de soutenir les nappes phréatiques.
Débuté en 2020, le chantier du barrage de Poses devrait s'achever en 2025. Le coût des travaux est estimé à 40 millions d’euros, financés par l’Etat, l’Europe et la région Normandie.