Il existe un indice méconnu qui mesure la fréquence des traitements phytosanitaires. Les résultats sont accessibles grâce à une carte publiée par l'entreprise associative Solagro qui oeuvre pour le développement de l'agroécologie. La moitié de la Normandie a un indice élevé de traitements aux pesticides.
Il peut être délicat d'aller interroger son voisin agriculteur sur son usage des pesticides. La carte publiée (plateforme Adonis de Solagro) apporte des informations, commune par commune, mais pas encore parcelle par parcelle.
On y voit le Nord-Ouest de la France où le rouge et l'orange dominent. Les traitements aux pesticides sont fréquents.
En Normandie, la Seine-Maritime et l'Eure ressortent....défavorablement. Dans le Calvados, la zone autour de Caen est en orange. Dans l'Orne et la Manche le vert et le jaune pâle dominent.
La France seul pays d'Europe à réaliser une enquête annuelle sur les pratiques de cultures agricoles
Des données qui étaient autrefois accessibles à des catégories restreintes de la population sont aujourd'hui "grand public".
C'est un "travail de fourmi" réalisé par une entreprise associative toulousaine, nommée Solagro. Elle mène des recherches et accompagne des agriculteurs dans la voie de l'agroécologie.
Elle ne dissimule pas son objectif : "il est nécessaire de construire une agriculture durable économe en intrants et respectueuse des ressources naturelles et d'assurer aux Français une alimentation de qualité pour réduire la prévalence des maladies chroniques."
La carte qu'elle a réalisée est basée sur l'Indice de fréquence des traitements phytosanitaires.
L’IFT comptabilise le nombre de doses de référence utilisées par hectare au cours d’une campagne culturale. Cet indicateur peut être calculé pour un ensemble de parcelles, une exploitation ou un territoire. Il peut également être décliné par grandes catégorie de produits (herbicides ; fongicides ; insecticides et acaricides ; autres produits).
Ministère de l'agriculture
L'agriculture intensive centrée sur un seul produit est plus polluante
Pour chaque commune, une fiche détaillée apparait et répond à ces questions : quel indice de fréquence des traitements (IFT), quel type de produits, quelle culture est le plus traitée sur la commune, y a t-il des surfaces en agriculture biologique ?
- Exemple d'indice bas
Saint-Hilaire du Harcouët (Manche) : 1,96
- Exemple d'indice élevé :
Marcilly-la-Campagne (Eure) : 6,18
L'étude publiée avec la carte de la plateforme Adonis constate que :
"dans les zones agricoles spécialisées, grand bassin parisien, vallée de la Garonne, couloir rhôdanien, Limagne, territoires viticoles et arboricoles, que ce soit en viticulture, en arboriculture fruitière ou en grandes cultures, on observe une pression phytosanitaire élevée du fait d’un assolement peu diversifié et de pratiques agricoles plus intensives".
Une forte présomption de lien entre les pesticides et plusieurs maladies
La pomme est, selon l'étude, la production agricole la plus fréquemment traitée ( indice IFT : 31,5), suivie par la pêche (indice : 18,2) et la pomme de terre (indice : 16,7)
Les pesticides peuvent être nocifs pour la santé des agriculteurs qui les manipulent, et à celle des riverains, sans oublier les animaux (oiseaux, insectes, amphibiens).
L' étude récente de l'INSERM conclut qu'il faut mieux protéger les populations et poursuivre les recherches.
Les études épidémiologiques sur les cancers de l’enfant permettent de conclure à une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse (exposition professionnelle ou par utilisation domestique) ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central.
INSERM, juin 2021, « Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données »