La déprogrammation de 30% de l'activité chirurgicale non urgente est une situation très difficile à vivre pour un couple eurois dont le mari attend une greffe.
La circulation du virus étant importante, et pour éviter une saturation des services d'urgence, le 18 mars 2021 l'Agence régionale de santé de Normandie a demandé aux centres hospitaliers des territoires de Rouen, Elbeuf, Évreux et Vernon d'activer le 3e palier du plan régional de mobilisation COVID.
Une mesure qui a eu pour conséquence la déprogrammation de 30% de "l'activité chirurgicale non urgente". Une situation nouvelle qui a bouleversé la vie d'un couple du département de l'Eure.
Dans leur maison de Saint-Pierre des Fleurs, entre Elbeuf et Le Neubourg, même avec le soleil du printemps, Sylvie et Gérard sont désespérés. Comme notre journaliste François Pesquet a pu le constater sur place, la santé de Gérard est fragile. Ne pouvant pas manger d'aliments solides, ses repas sont une source d'angoisse surtout par crainte d'une "fausse route"
Atteint en 2009 d'un cancer dans la bouche, Gérard a suivi des traitements qui ont fortement dégradé sa mâchoire. Alors qu'il était en pleine rémission, un rendez-vous chez un stomatologue a révélé une nécrose, ce qui a nécessité une greffe. Une seconde opération de greffe était programmée en octobre 2020 au CHU d'Amiens mais a été reportée au 11 mars. Puis elle a été une nouvelle fois reportée, sans précision de date, ce qui plonge le couple dans le désarroi :
"On est en attente. On a une vie entre parenthèses. On sait que ce n'est pas possible à cause du Covid. Nous ne sommes pas que des chiffres, que des déprogrammations : derrière tout ça il y a des vies."
C'est grave ce qui se passe parce qu'on a énormément de décès liés au Covid, mais dans quelques temps, qu'est-ce qu'on aura comme décès ?
Attente et incertitude
Sylvie et Gérard ont voulu témoigner pour alerter sur la situation de ceux, qui comme eux subissent les reports d'opération. S'ils connaissent le contexte sanitaire et comprennent les raisons des déprogrammations, ils craignent que les chances de réussite d'une greffe s'amenuisent au fil du temps.
"Moi, j'ai peur qu'on nous dise, "écoutez, malheureusement, bah, c'est trop tard" explique Sylvie avant d'ajouter, un sanglot dans la voix : "C'est très compliqué à vivre ça, vous savez. Ça fait deux ans qu'on est comme ça et il y a des moments où moi je me dis "mais quand est-ce qu'on pourra faire des projets? " Tout est resté avec des points d'interrogation et on a envie d'avoir une vie normale, quoi…"
Le couple normand espère qu'une opération sera possible à l'automne prochain.