Un surveillant du centre pénitentiaire de Val-de-Reuil (Eure) a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis par le Tribunal correctionnel d'Evreux ce lundi 5 décembre. Il a été reconnu coupable d'avoir livré nourriture, alcool et produits stupéfiants à des détenus pendant un an.
Au centre de détention de Val-de-Reuil, les détenus le surnommaient Père Noël. De juillet 2021 à juillet 2022, un agent pénitentiaire de 33 ans, marié et père de deux enfants, a fait entrer illégalement des denrées alimentaires, de l'alcool mais aussi des téléphones portables en nombre. Il a été condamné à deux ans de prison ferme par le Tribunal correctionnel d'Evreux (Eure) ce lundi 5 décembre.
Pendant cette période, l'alerte a été donnée à plusieurs reprises. Ses collègues ont commencé à le soupçonner. L'étau s'est resserré le 31 juillet dernier lorsqu'il a fait entrer trois sacs dans la prison. Ce qu'ils contenaient a servi à un banquet entre détenus à l'occasion de l'anniversaire de l'un d'entre eux. Dans une vidéo postée peu après, on y voit ces détenus se partager des gâteaux, de la nourriture fast food et des plaquettes de résine de cannabis.
"Vous savez, c'est très difficile d'être surveillant de prison"
Si l'homme reconnaît la quasi totalité des faits, il dément cependant tout trafic de stupéfiants et parle de pressions et d'intimidations exercées par les détenus. "Le profil de mon client, c'est un homme qui travaille dans la pénitentiaire depuis quelques années, qui avait des difficultés financières, des difficultés avec sa hiérarchie, qui était mis sous pression par des détenus qui avaient de gros profils et qui, à un moment de faiblesse, a cédé. Et quand vous cédez une fois, c'est l'engrenage, vous ne pouvez plus faire machine arrière", a justifié Jérémy Kalfon, l'avocat du surveillant pénitentiaire, en marge du procès.
Ce procès en correctionnelle a aussi mis en lumière les dysfonctionnements et le manque de moyens du centre de détention de Val-de-Reuil où, selon les détenus, on partage allègrement, et en toute illégalité, des gambas à l'occasion des repas de fête.
Quand la procureure a demandé au prévenu quel regard il portait sur son ancien métier et sur les faits qu'il a pu commettre, il a répondu : "Je regrette. Vous savez, c'est très difficile d'être surveillant de prison."