La photo-thérapie, un outil pour apprendre à aimer son corps ?

Photographier le corps d’une personne complexée afin qu’elle puisse l’aimer de nouveau, c’est ce que propose Coralie Hic, photo-thérapeute. Après un accouchement, une ménopause ou un cancer, les corps changent, et il est parfois dur de l’accepter. Mais quelques photos peuvent suffire pour retrouver confiance.

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"Comment tu te sens dans ton corps, en ce moment ?". C’est la première question que pose Coralie Hic. "En général, l’image que j’ai de moi, ça va…", répond Maïté, qui vient ici depuis 2 ans maintenant. "Et quand tu te regardes dans le miroir ?" continue Coralie. "C’est beaucoup plus bienveillant. J’ai moins de dégoût. Ça fait plaisir de voir le chemin parcouru".

Coralie Hic reçoit des personnes pour qui « ne pas pouvoir se regarder dans une glace » n’est pas qu’une expression. C’est une réalité. C’était une réalité pour Maïté, qui trouvait son corps "difforme, trop gros", et qui aujourd’hui vient chez Coralie pour se faire prendre en photo. Incapable, il y a quelques mois, de regarder son propre reflet sans mépris, elle affiche désormais dans son propre salon un cliché d’elle, nue. Le chemin parcouru est immense, et cela a été permis grâce à une chose : la photo-thérapie.

Lorsqu’une personne vient la voir (70% sont des femmes), Coralie ne propose pas tout de suite un shooting. Maïté a attendu la 6ème séance avant de passer devant l’objectif. Il y a d’abord un échange, qui peut durer plusieurs sessions. "Si la personne n’est pas prête, on ne va pas y aller". Une fois la confiance installée, "elle va pouvoir plus se lâcher, être elle-même, oublier qu’il y a l’appareil".

Pour Maïté, la séance photo s’est faite chez elle, dans sa maison. D’abord en sous-vêtement, puis complètement nue. Il y a eu des photos dans les escaliers, "symbole des marches gravies", du chemin parcouru. Puis les flashs ont éclairé la chambre. Le lit. Un autre symbole pour Maïté, persuadée que son corps est "un frein pour les rencontres amoureuses". C’est pour cette raison là qu’elle s’est tournée vers Coralie.

Pour la photo-thérapeute, il y a autant de clients que de motivations. "Cela peut aller d’une ado qui a le corps qui change et qui a tout à apprendre, à une femme qui vient d’avoir un bébé et dont le corps a également changé. Je vois des femmes ménopausées… il y a plein de profils différent. Et cela peut être des complexes physiques par rapport au ventre, aux fesses, aux cuisses. Ou encore aux dents. Il y a des femmes dont les dents sont tombées et qui ont des appareils. Il existe tellement de complexes… "

Si à la fin, la personne me dit qu’elle se trouve belle sur sa photo, on a tout gagné

Coralie Hic, photo-thérapeute

Mais comment une simple photo peut-elle venir à bout d’un complexe ? Pour le comprendre, observons. Ce jour-là, Coralie propose un nouveau shooting à Maité. La jeune femme de 27 ans ne se fait pas prier, malgré la présence de notre équipe, et enlève son haut. CLIC ! Soutien-gorge rouge, une main dans les cheveux, une autre sur son ventre. CLIC ! Coralie y tient. "Toujours une main sur toi, parce que tu t’aimes". CLIC !

S’aimer en photo, aimer son corps, avant d’admettre que les autres peuvent l’aimer : voilà la méthode de Coralie. "Si à la fin, la personne me dit qu’elle se trouve belle sur sa photo, on a tout gagné ». Même si, pour Maïté, il y a encore quelques étapes nécessaires avant une totale acceptation : "il y a encore un peu de gêne - on est vulnérable -, mais c’est supportable. Une telle séance, je ne m’en sentais pas capable quand j’ai commencé. C’était inimaginable. Là c’est tolérable." Maité a encore du mal, parfois, avec le regard des autres. Mais son propre regard a changé. "Maintenant, c’est de l’amour que j’ai pour moi".

"Miracle"

Pour Manon, une autre cliente, la première séance photo a eu lieu la semaine passée. "Coralie a fait un miracle, confie Manon. Elle m’a fait avoir un déclic que j’attendais depuis des années". Manon, 27 ans, accusait un manque de confiance criant. Présent depuis plusieurs années, il a été accentué par sa grossesse, très mal vécue. "Suite à la prise de poids, la difficulté de perdre les kilos, et surtout le gros changement physique que ça engendre, je n'arrivais pas à me sentir femme. J’étais juste une maman, et je ne faisais plus rien pour moi. J’avais besoin de me retrouver."

Une consultation avec un psychologue de la maternité lui a permis d’avancer par rapport au traumatisme de l’accouchement. Mais pour reprendre confiance en elle, "le psy ne pouvait rien faire". "Coralie a comblé tout ça".

Coralie Hic reçoit dans son bureau au Plessis-Sainte-Opportune (Eure). Une séance d’une heure coûte 60 euros, non remboursés. "J’ai été formée à Paris par une photo-thérapeute qui a mis tout son protocole en place. J’ai fait ensuite une formation de psychopathologie".

Avant, Coralie photographiait davantage les mariages et les bébés. Aujourd’hui elle s’attarde sur les vergetures, les cicatrices et les bourrelets.

Avant, elle photographiait la beauté. Aujourd’hui, elle la révèle.

"Tous les corps sont beaux", écrit Coralie sur son site internet. Cela peut paraitre un peu cliché. Mais parfois, un simple cliché peut tout changer.  

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