La pollution sonore sous-marine à l'origine de la présence de cétacés dans la Seine ?

Orque, béluga... Selon une association, les bruits générés par les activités portuaires pourraient être à l'origine de la désorientation des cétacés qui se perdent dans la Seine. Explications.

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D'abord unn orque, puis un béluga. En l'espace de trois mois, deux cétacés se sont aventurés dans la Seine, bien loin de leur milieu habituel. Tous les deux ont malheureusement connu une fin tragique. Et ces épisodes à répétition posent question. 

Début août, Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France, soupçonnait en premier lieu la pollution sonore"les cétacés ont un sonar pour se déplacer et communiquer les uns avec les autres. C'est un élément essentiel à leur survie. Or, la pollution sonore les désoriente et dans le pire des cas, ça peut leur créer des lésions, des hémorragies internes..."

Le président de l'ONG dénonçait notamment la pollution sonore de l'estuaire du Havre avec un trafic maritime intense. "Il y a également la construction d'un parc éolien au large de Courseulles-sur-Mer. On sait que ces chantiers sont extrêmement bruyants."

Or, en l'état actuel, rien ne prouve scientifiquement que les chantiers de parcs éoliens causent des niveaux de bruits assez importants pour impacter les orques ou encore les bélugas. "Ce qui trouble, c'est la récurrence de ces deux évènements. Il n'est pas habituel d'être témoin de ce genre de situation. Il faut s'interroger avant de faire des conclusions trop hâtives", nous explique Noé Swynghedauw, chargé de campagne conservation marine au sein d'IFAW, une organisation mondiale à but non lucratif qui aide les animaux et les hommes à cohabiter harmonieusement. 

Comment se traduit la pollution sous-marine ?

Selon l'ONG, plusieurs types de pollutions sonores sous-marines ont été prouvées scientifiquement. "Ce sont des bruits générés par l'activité humaine, qui viennent troubler l'écosystème. Il a été prouvé que même des algues sont impactées par ce type de pollution", poursuit Noé Swynghedauw. 

Cette pollution sonore sous-marine se traduit à différents niveaux et par plusieurs types d'activités. Il y a d'abord le bruit généré par le trafic maritime, la navigation commerciale : "ce sont des bruits ambiants, à basse fréquence mais qui ne s'arrêtent pas. A chaque heure de la journée, des navires naviguent et ce bruit ne baisse pas en intensité."

D’après une étude publiée dans la revue scientifique Science, le bruit à basse fréquence généré par le trafic maritime aurait été multiplié par 32 au cours des 50 dernières années.

Il y a aussi le cas des sonars militaires, qui auraient généré des réactions sur la physionomie des animaux. "Aux Bahamas en 2010, un exercice militaire avait causé une série d'échouages de baleines", nous explique Noé Swynghedauw. Ce phénomène a d'ailleurs fait l'objet d'un documentaire visible en ligne gratuitement.

Qui des parcs éoliens ? "Ce sont les chantiers qui génèrent des bruits forts et très intenses, notamment le forage. Ca a un effet très négatif sur les animaux exposés."

Quels effets sur les animaux ?

Toutes ces perturbations sonores pourraient générer des lésions au niveau de l'appareil auditif des cétacés, et donc les désorienter. "Cela réduit leur capacité à percevoir le monde qui les entoure, à trouver des proies et à éviter les prédateurs. Des niveaux de bruit élevés peuvent causer des blessures voire la mort, en particulier chez les baleines et les dauphins très sensibles sur le plan acoustique", prévient l'IFAW.

Quelles solutions ?

Selon l'IFAW, "dans un monde idéal, il faudrait changer les moteurs des navires pour des moteurs moins puissants. Il existe des hélices plus performantes et plus économiques en carburant mais on est bien conscient quand dans le système actuel, ce n'est pas possible", explique  Noé Swynghedauw. "Le monde de l'industrie est trop compétitif."

L'ONG propose une autre solution : réduire la vitesse des navires. "Nous travaillons avec des scientifiques et des économistes pour préparer un rapport dans le but d'alerter les décideurs politiques européens."

Il a été prouvé qu'il existe un lien entre de corrélation très fort entre la vitesse et le bruit généré par les navires.

Noé Swynghedauw, Chargé de campagne conservation marine à l'IFAW

Au Canada, dans le port de Vancouver, connu pour son intense niveau de trafic maritime et la présence d'orques, la vitesse des navires a été réduite en échange d'une réduction de taxe portuaire. En 2020, ces initiatives ont permis de diminuer de près de 50% l’intensité des bruits sous-marins dans certaines zones. Un bon moyen de réduire les gaz à effet de serre, tout en préservant le milieu marin.

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