Après la Seine-Maritime en 2020, la présence du loup est officiellement constatée dans l'Eure après les résultats de l'analyse de pelage et de déjections.
Le loup a été autrefois très présent en Normandie et, dès le Moyen-Age, a marqué les populations en attaquant les animaux mais aussi l'homme.
Un loup normand est même entré dans l'histoire religieuse avec, entre Pavilly et l'abbaye de Jumièges, le loup vert de Sainte-Austreberthe.
C'est au 19e siècle que les autorités décidèrent de mettre en place une grande campagne d'extermination du loup en Normandie, et les derniers spécimens normands furent abattus en 1880.
En France, si la population de loup est officiellement éradiquée depuis 1939, l'animal, aujourd'hui espèce protégée, est de retour.
Le loup recolonise en effet le territoire national de façon naturelle. Parti d'abord de l'Italie, il remonte vers le nord d'abord depuis les Alpes et le Jura, puis du Massif Central.
Selon les dernières observations, l’évolution de la population "conduit des individus isolés, dits en « dispersion », à quitter leur meute pour prospecter de nouveaux territoires."
"Un loup gris de lignée italienne"
Après des attaques de moutons en Seine-Maritime en 2020 et la confirmation de la responsabilité d'un loup, un an plus tard, la préfecture de l'Eure annonce la présence d'un loup gris de lignée italienne après les résultats d'analyse de prélèvements effectués à Saint Aubin le Guichard.
En 2021, ce sont 19 cas de prédation sur des animaux d'élevage qui ont été recensés dans l'Eure, des cas où la responsabilité du loup ne peut être exclue. Ces attaques, précise la préfecture dans un communiqué, sont essentiellement situées dans le sud-ouest du département de l’Eure, dans la vallée de la Charentonne.
Pour confirmer la présence du loup, des analyses génétiques sont en cours sur des indices (poils et crottes) relevés à proximité des cas de prédation. Les premiers résultats reçus le 17 novembre 2021 confirment que les échantillons de poils prélevés à Saint Aubin le Guichard le 4 août 2021 sont bien ceux d’un loup gris de lignée italienne.
Un loup vu à Vernon
En complément, le réseau loup lynx national a validé l’observation visuelle d’un loup gris dans le secteur de Vernon le 11 novembre 2021. Ce sont les premiers indices confirmant la présence d’un loup dans le département.
Dans ce contexte, le préfet de l’Eure a présidé le 18 novembre 2021 un premier comité de suivi associant les acteurs concernés (agricoles, forestiers, associatifs, services de l’État…) pour partager avec eux l’ensemble des informations disponibles, et assurer un suivi renforcé des indices et observations.
Le comité de suivi a notamment validé les actions suivantes :
- la mise en place d’une surveillance renforcée de l’espèce, afin de recueillir tous les indices de présence possibles
- la mise en place immédiate d’un dispositif d’indemnisation des éleveurs concernés en cas de prédation constatée, lorsque la responsabilité du loup ne peut être exclue
- la mise à disposition progressive de matériel d’effarouchement auprès des éleveurs en cas d’urgence.
Les observations des spécialistes de l'Office Français de la Biodiversité vont se poursuivre afin de mieux préciser la présence du loup et sa progression en Normandie.