C'était il y a bientôt 20 ans, à Montréal. Mickael Lucas, carreleur à Bernay (27) décrochait un sacre inoubliable : la médaille d'or au Mondial des Olympiades des Métiers. La compétition a bien changé, sa médiatisation l'impressionne : "C'est chouette pour les jeunes qui sont vraiment valorisés."
La finale nationale des Olympiades des Métiers, chez lui, en Normandie, c'est un véritable plaisir et il aurait adoré être membre du jury pour l'occasion. Mais Mickaël Lucas a peut-être encore plus fort à vivre : il est l'heureux patron du candidat qui représente la Normandie, Lucas Langlois.
"Il est jeune, il a dix-huit ans mais il a toutes les qualités pour y arriver. Lucas c'est un jeune que j'ai pris avec moi car il avait un très bon bulletin scolaire. Et y a pas à dire : il percute. Jamais je ne lui répète deux fois la même chose !"
Son poulain est l'un des favoris dans cette compétition mais ce vendredi, deuxième jour de concours, Mickaël Lucas évite de l'approcher.
Il est plutôt en pleine discussion avec tout le staff du stand Carrelage dans le pôle Métiers du Bâtiment. "On se connaît tous. C'est une famille."
C'est devenu une compétition hyper médiatisé, pas un journal télé sans un sujet Olympiades
Mickaël Lucas approuve ce changement radical : "A mon époque ( Médaille D'or 1999 à Montréal), c'était plutôt confidentiel. Les métiers manuels et le bâtiment, en particulier, n'étaient vraiment pas mis en avant. C'est bien aujourd'hui pour les jeunes en compétition. Il y a les télé et beaucoup de médias. C'est motivant et valorisant", affirme l'ancien médaillé, devant ce changement évident dans la mentalité française et la place donnée aux métiers manuels.
Normand, Médaille d'or pour l'Equipe France mais représentant des Pays de Loire, faute de formation en Normandie
La preuve aussi que les temps ont changé : la formation. Son apprenti qui habite Orbec (pays d'Auge), travaille donc chez lui à Bernay (l'Eure voisine) mais étudie à Caen. Son BP est proposé au CFA de Caen. " Moi j'ai dû m'expatrier au Mans après mon CAP passé à Evreux. Il n'y avait rien dans la Région, pour les Brevet Professionnels, carrelage", raconte Mickaël Lucas.
Aussi, quand il a été repéré pour les Olympiades, c'était au sein de sa région d'adoption : Les Pays de Loire. Une région qui met le paquet sur cette compétition et encore aujourd'hui : "Ils gagnent souvent et regardez leur matériel, ça saute aux yeux."
Un véritable accélérateur de carrière
"Même si j'étais le candidat de la région voisine, dans ma ville de Bernay, les journaux locaux ont parlé de moi à l'époque et ça m'a apporté une notoriété indéniable : les clients m'en parlent encore aujourd'hui, c'est pour dire !"
Et puis juste après ce titre de champion du monde, j'ai pu m'installer à mon compte : une confiance des banques qui vous facilite les choses, c'est évident.
C'est sûr aussi que les patrons regardent un Cv autrement, quand le postulant a été ,ne serait-ce que candidat, à cette compétition. Une médaille, c'est le plus, la cerise sur le gâteau.
Mickael Lucas va certainement se glisser dans la cérémonie de clôture, samedi soir, pour être là, pas loin de Lucas. "Qu'il perde ou qu'il gagne la première ou deuxième place c'est pareil, je vais essayer de venir." Mais lundi ce sera repos obligatoire : "je vais le laisser se remettre de ses émotions": un patron sympa.Regardez les, c'est la crème de la crème, tous ceux qui sont ici. Ils ont une capacité de concentration exemplaire et ils sont appliqués, c'est important dans notre métier. " Après, c'est vrai qu'on est très loin de réaliser ce type de carrelage dans la vraie vie professionnelle. mais quand on sait faire ça, on sait tout faire.
Mickaël Lucas est venu à Caen soutenir son apprenti (et toute sa famille) dans la compétition :