Des agriculteurs de l'Eure ont déversé du fumier devant quatre supermarchés de l'enseigne Intermarché mercredi soir. Une action coup de poing pour dénoncer la politique des prix trop bas.
Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs multiplient les actions coup de poing contre les grandes surfaces. Cette nuit encore (mercredi 24 février 2021), quatre supermarchés de l'Eure de l'enseigne Intermarché ont été la cible des agriculteurs. A Pont-Audemer, Bernay, Conches-en-Ouche et le Neubourg, du fumier a été déversé en pleine nuit sur les parking des magasins. On vous explique pourquoi toutes ces actions.
Être rémunéré au juste prix
Les agriculteurs manifestent pour que leurs produits soient achetés à un "juste prix" par les grandes enseignes telles que Lidl, Intermarché, Aldi ou Leclerc.
La FNSEA 27 (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), qui a organisé les opérations devant Intermarché mercredi soir, dénonce le comportement de l'enseigne dans le cadre des négociations de prix annuels. Selon eux, Intermarché ne cesse de tirer les prix vers le bas. "Le mépris des GMS et le non respect des engagements dans le cadre des États généraux sur l'alimentation ne permettent pas aux agriculteurs d'être rémunérés au juste prix."
"Le gouvernement a produit une loi Egalim : on s'était tous mis d'accord, producteurs, consommateurs et distributeurs sur un prix prenant en compte le coût de production avec une marge pour le consommateur, et pour le distributeur. Aujourd'hui cet aspect n'est pas respecté par Intermarché avec ses filières à l'étranger qui contournent cette loi", explique Laurent Duclos, producteur et également responsable de la section lait au sein de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles de l'Eure.
Aujourd'hui c'est la guerre des prix. Nous sommes une multitude de producteurs en France pour cinq rangs de centrales d'achat qui mettent une pression destructrice sur toute notre profession.
Qu'est-ce la loi Egalim ?
La loi Egalim (loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous) a été promulguée le 30 octobre 2018. Issu des états généraux de l’alimentation de 2017, ce texte propose des mesures pour améliorer les équilibres commerciaux, la qualité de l'alimentation, et simplifier le domaine agricole.
Jusqu’au 1er mars, les négociations pour fixer les prix avec la grande distribution battent leur plein et ulcèrent le monde agricole. Les prix ne sont toujours pas rémunérateurs. Les coûts de production, des matières premières, pour nourrir le bétail notamment, ne cessent d’augmenter et ne sont toujours pas répercutés sur les prix comme le prévoyait la loi.
"Les trésoreries des éleveurs se détériorent depuis quelques mois. Nos charges augmentent beaucoup. On voit nos prix se tasser, on a perdu 10 euros par rapport à 2020. On souhaite que nos prix augmentent, pas qu'ils baissent", indique Lauren Duclos.