Trafic de drogues. "Notre ville n'avait jamais vu une telle violence !" : le cri d'alerte du maire de cette commune rurale

Le dimanche 24 novembre 2024, un homme était tué par balle à Pont-Audemer (Eure). Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants. Pour le maire, il est urgent de renforcer les moyens alloués à la sécurité.

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Dimanche 24 novembre 2024, un règlement de compte sur fond de trafic de drogue a conduit à la mort d'un homme, âgé de 33 ans.

L'événement a choqué les habitants de Pont-Audemer dans l'Eure... Sans forcément les surprendre. "On vient vivre à la campagne et on n'est pas plus tranquille que dans un quartier pourri de la région parisienne", dénonce Jean-Pierre, un habitant dégoûté.

Le retraité habite la commune depuis 2017. Il assure que la problématique n'est pas nouvelle et raconte avoir déjà assisté à un trafic, "près du monument aux morts".

"J'avais fait une longue route. J'étais fatigué, j'ai descendu le dossier de mon siège de voiture pour dormir un peu. Trois-quatre jeunes sont arrivés, excités comme des puces. Ils sont venus à la hauteur de ma portière. Ils ne m'ont pas aperçu, mais je les ai vus échanger leurs 'saloperies'."

La drogue implantée à Pont-Audemer "depuis des décennies"

La commune euroise, parfois surnommée "ville blanche" en raison des multiples trafics qu'elle abrite, est située à équidistance du port du Havre, point d'entrée important de stupéfiants en Europe, de Rouen et de Caen.

"Cela en fait, depuis des décennies, un lieu où la drogue est relativement implantée", confirme Alexis Darmois, maire (Divers gauche) de Pont-Audemer. 

L'édile a ainsi choisi de s'exprimer et d'interpeller le ministre de l'Intérieur. "On ne peut pas laisser sous silence un événement aussi grave. Il illustre bien les difficultés que peuvent rencontrer les maires dans la gestion de la sécurité, dues au manque de moyens financiers, humains ou législatifs à leur disposition", relève-t-il.

"Aujourd'hui, on peut se faire exécuter pour une dette de quelques centaines d'euros"

La commune de Pont-Audemer consacre environ 10% de son budget annuel à la lutte contre l'insécurité. En deux ans, elle a ainsi doublé les effectifs de la police municipale, en passant de 7 à 14 agents.

Le nombre de caméras de vidéosurveillance, lui, a été multiplié par 30. D'ici 2025, la ville devrait en compter une centaine.

Au total, Alexis Darmois a dû débloquer une enveloppe d'un million d'euros. Mais il se dit désormais dépassé par une montée de la violence qui sort du cadre des grandes agglomérations pour miner les communes rurales.

Notre ville n'avait jamais vu un tel niveau de violence. Pour tout le monde, ça a été un choc de découvrir que ce qu'on pensait être réservé aux grandes métropoles pouvait en fait arriver dans des territoires les plus ruraux.

Alexis Darmois, maire de Pont-Audemer

à France 3 Normandie

Notre ville n'avait jamais vu un tel niveau de violence. Pour tout le monde, ça a été un choc de découvrir que ce qu'on pensait être réservé aux grandes métropoles pouvait en fait arriver dans des territoires les plus ruraux.

Alexis Darmois, maire (Horizons) de Pont-Audemer

à France 3 Normandie

"Dans la France entière, la violence autour du trafic de stupéfiants a complètement dégénéré, dénonce-t-il. Aujourd'hui, on peut se faire exécuter pour une dette de quelques centaines d'euros. On peut recruter un tueur à gages sur les réseaux sociaux pour quelques milliers. Il faut affronter la violence avec fermeté et lucidité."

Quels axes pour endiguer l'insécurité ?

Alexis Darmois réclame davantage de moyens pour les collectivités touchées par le trafic de stupéfiants.

"J'ai demandé trois choses : une augmentation des moyens de la gendarmerie, puisqu'ils ont un territoire extrêmement vaste à couvrir et une délinquance en évolution, un renforcement des pouvoirs de la police municipale - qui ne peut aujourd'hui procéder à un contrôle d'identité, à une fouille ou à l'établissement d'une amende - et un meilleur soutien de l'État aux communes qui investissent dans la sécurité."

Les maires sont des officiers de la police judiciaire, mais ce sont en fait des officiers de la police judiciaire de pacotille. La sécurité est une compétence de plein exercice de l'État mais son soutien reste extrêmement faible. Alors, les collectivités doivent prendre le relai, de gré ou de force. Il faut que ça change.

Alexis Darmois

"Une brigade cynophile me semblerait intéressante, reprend Alexis Darmois. Elles sont à plus d'1h30 d'ici." Il ironise : "Aujourd'hui, les garages ont parfois accès à plus de fichiers que les policiers municipaux. Quand la police municipale veut procéder à un contrôle de stupéfiants, elle doit faire appel à la gendarmerie nationale... Tout cela nous freine dans notre travail."

Le maire insiste également sur l'importance de l'éducation, indispensable pour juguler le trafic. "Pour moi, la sécurité repose sur deux jambes, indissociables l'une de l'autre : la sanction et la prévention. Dans la prévention, l'éducation a toute sa place."

Il conclut : "Il y a ce qui est consommé à Pont-Audemer, mais surtout ce qui est amené ici pour être réparti sur le territoire, ce sont de grosses quantités... Aujourd'hui, s'il n'y avait pas de consommateurs, il n'y aurait pas de règlements de compte, il n'y aurait pas toutes ces mafias. Ce sont des enjeux considérables."

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