Une quarantaine de bernaches du Canada ont survolé la commune d'Amfreville-sous-les-Monts, dans l'Eure, mercredi 30 août 2023. À quoi correspond ce vol ? Pourquoi volent-elles en ligne ? La LPO Normandie nous a permis d'en savoir un peu plus sur cette espèce présente à l'année en Normandie.
Mercredi 30 août 2023, au petit matin, une journaliste de France 3 Normandie a filmé des oies volant en ligne au-dessus d'Amfreville-sous-les-Monts, dans l'Eure.
Nous avons donc voulu en savoir un peu plus sur ces mystérieuses oies - du moins d'un œil de néophyte - qui ont survolé, en groupe, un petit bout de Normandie en cette fin août.
De quelle espèce s'agit-il ?
"Ce sont très certainement des bernaches du Canada", estime Richard Grège, membre du conseil scientifique de la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Normandie depuis sa création en 2001. Pour les identifier, le naturaliste s'est fié aux cris caractéristiques de ces oies.
Cette espèce exogène, d'origine américaine, a été introduite en Europe dès le début du XXe siècle. Elle s'est implantée à partir de 2008 en Normandie. "Il y aurait actuellement une cinquantaine de couples" dans la région, précise Richard Grège. Des couples qui peuvent avoir plusieurs poussins et que l'on peut donc parfois voir se déplacer en bandes, composées d'une cinquantaine, voire d'une centaine d'individus.
À quoi correspond ce vol ?
"À cette époque de l'année, ce sont des regroupements post-nuptiaux", explique le naturaliste. Pendant la période de reproduction, de mars à juillet, "les couples sont assez sédentaires et restent sur leur site de nidification". En Normandie, ils se reproduisent notamment dans la boucle de Poses, dans l'Eure, une boucle de la Seine qui bénéficie d'une diversité d'habitats avec des prairies et des étangs.
Les couples couvent leurs œufs. Puis, en juin/juillet, les poussins naissent et se promènent sur l'eau avec la femelle, et éventuellement le mâle. Et dès lors que les poussins sont capables de voler, différents couples et familles se promènent ensemble, à la recherche de nourriture. C'est ce que l'on peut observer sur la vidéo.
Une fois les oies posées sur leur site de nourrissage, "une bernache du Canada monte la garde pendant que les autres s'alimentent et broutent l'herbe. Il y en a toujours une qui a le cou tendu, qui regarde ce qui se passe et qui alerte si un prédateur s'approche pour que les oies s'envolent", détaille Richard Grège. Les oies alternent d'ailleurs à ce poste de surveillante.
Pourquoi volent-elles en ligne ?
Le vol en ligne ou en V est "une stratégie de vol pour optimiser l'énergie", expose le bénévole de la LPO. Les oies profitent de la traînée d'air de celles situées devant elles pour avancer, en se plaçant dans leur sillage. Ainsi, tandis que celles de devant déploient beaucoup d'énergie pour voler, les autres se reposent.
Mais les oies sont solidaires. Elles alternent leurs positions afin que chacune puisse se reposer pendant le vol. "Les cormorans, les goélands et les grues adoptent la même stratégie", ajoute Richard Grège.
Où peut-on les observer sans les déranger ?
Il est possible d'observer des bernaches du Canada toute l'année en Normandie puisque cette espèce ne migre pas. Elles peuvent notamment être vues sur les étangs de la boucle de Poses.
"Mais pendant la période de nidification, elles sont assez cachées et dispersées. Il est donc plus difficile de les voir", note le naturaliste. En juin et juillet, on peut les observer sur l'eau avec leurs poussins.
Comment reconnaître un oiseau en migration ?
Si les bernaches du Canada ne migrent pas, d'autres oiseaux sont observables dans la région lors de leur migration. "En ce moment, sur le long du littoral, du nord au sud, il est possible d'observer toutes sortes de bernaches migrer : les oies cendrées - les plus fréquentes -, les bernaches cravant, les bernaches nonnettes, ou encore les oies des moissons…", appuie Richard Grège.
Certaines oies font aussi des haltes migratoires. "Elles arrivent de Scandinavie, s'arrêtent chez nous, s'alimentent, restent là quelques jours puis descendent un peu plus bas si le temps n'est pas bon", ajoute le membre de la LPO Normandie.
Reconnaître les oiseaux qui volent au-dessus de nos têtes n'est pas une tâche facile. Il convient tout d'abord de s'équiper de jumelles et d'une boussole. Mais il faut aussi posséder des connaissances afin d'identifier leurs cris notamment.
La LPO Normandie organise des balades ornithologiques pour observer les oiseaux. Le 23 septembre, une sortie est ainsi organisée au phare d'Antifer, en Seine-Maritime, pour observer la migration des passereaux. La liste des événements est disponible sur le site internet de la LPO.