La dernière étude PISA, le programme international pour le suivi des acquis des élèves, l'a démontré : les petits français ne maîtrisent pas suffisamment l'écriture. L'une des solutions pour pallier leurs lacunes : les classes à horaires aménagés dédiées à l'écriture. Exemple à Bernay, dans l'Eure.
Les CHAé (Classes à horaires aménagés écriture) existent depuis 6 ans dans l'Eure. Le dispositif est testé dans une vingtaine de classes. Comme à l'école élémentaire Paul Bert de Bernay : trois fois par semaine, 21 élèves de CM1 / CM2 se consacrent à l'écriture pendant une heure. Un rituel qui commence à porter ses fruits.
Cette heure de cours un peu différente commence toujours par une lecture. Responsable de la classe de CM1 / CM2, Anne-Sophie Meslet s'intéresse aujourd'hui à la mythologie grecque et aux fils de Poséidon. Le texte ["Le Feuilleton d'Artémis" de Murielle Szac, ndlr] est lu, posément et avec le ton. L'enseignante vérifie ensuite que ses élèves ont bien compris le propos, avant de leur proposer un débat.
Écrire pour réfléchir
Vient ensuite la séquence plus créative. Dix minutes d'écriture libre, sans vérification orthographique, afin de libérer le geste d'écriture chez les enfants. Nourris par des mots qu'ils n'entendent pas toujours à la maison, et qui les aident à construire leur narration. "L'idée, c'est qu'ils restituent à l'écrit les idées du débat, selon leur perception et leurs convictions. Qu'ils apprennent à écrire pour réfléchir", explique Anne-Sophie Meslet.
Le principal frein à l'écriture chez les élèves, c'est la peur de n'avoir rien à dire. Le travail que l'on fait ici, c'est de la matière à penser. A partir du moment où les élèves se sentent persuadés qu'ils ont des choses à dire, ils ont des choses à écrire.
Jean-Yves Marie, inspecteur d'académieà France 3 Normandie
La séquence complète dure 50 minutes. Les élèves se libèrent peu à peu… Et ça marche : "avant, on écrivait moins. Maintenant, on a plus l'habitude, et on comprend mieux", confie une élève. Appuyée par son camarade : "quand on écrit, on partage nos avis avec les autres".
"Le premier effet positif sur les élèves, c'est l'envie d'écrire", confirme Anne-Sophie Meslet. "Même des élèves qui ne sont pas a priori à l'aise avec l'écrit vont se lancer dans le langage écrit, dans le geste graphique écrit, et ils vont le faire avec plaisir. Je pense que c'est parce qu’on leur laisse une grande liberté."
Cette session d'écriture façon atelier participatif et ludique a attiré l'attention du ministère de l'Éducation nationale. Les CHAé pourraient en effet servir d'exemple au développement de nouveaux programmes à la rentrée.