A l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 3919, ligne d'information téléphonique nationale destinée aux femmes victimes de violences, publie son bilan annuel: plus de 50.000 appels ont été traités en 2014, deux fois plus que l'année précédente.
Le 3919, destiné initialement aux violences conjugales, a été élargi il y a deux ans, sous l'égide du ministère des Droits des femmes, à toutes les formes de violences contre les femmes (harcèlement sexuel au travail, mariages forcés, mutilations sexuelles...). Il a reçu 72.138 appels en 2014 (+52%) et en a traité 50.780 (+106%), selon ce bilan publié à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, mercredi 25 novembre.
Cette plateforme téléphonique, "Violences femmes info", apporte écoute, information et orientation vers une structure de proximité, en partenariat avec d'autres associations (CFCV/Viols femmes info, Voix de femmes/mariages forcés, Planning Familial ...). Sur les 50.780 appels traités en 2014, il y avait 8.827 appels dits "parasites". Sur les 41.953 restants, la grande majorité (38.149) concernaient des violences conjugales.
Dans plus de 70% des cas, les femmes victimes ont appelé elles-mêmes, les autres appels provenant principalement de proches. Une analyse à partir de 12.049 appels de victimes de violences conjugales a montré que dans près de 97% des cas, la victime est une femme et l'agresseur est un homme (mari, compagnon ou "ex").
Les victimes résidaient principalement en Ile-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nord-Pas-de-Calais et Pays de la Loire, plus de la moitié avaient entre 30 et 49 ans. Le fait d'être enceinte ou d'avoir des enfants en bas âge sont "des facteurs de risque majeur" d'apparition ou d'aggravation des violences observés au 3919, ce qui rejoint les données d'autres enquêtes. Près de 9% des victimes ont signalé chez leur agresseur des antécédents de violence pendant l'enfance, qu'il ait été témoin de violences ou été maltraité directement.
Les violences conjugales peuvent être verbales (cris, injures), psychologiques (humiliation, menaces), physiques (coups, brûlures, séquestration), sexuelles, économiques (privation de ressources, interdiction de travailler) ou administratives (confiscation de papiers...). Au 3919, les femmes déclarent en moyenne 2,5 formes de violences. Ce lundi, une conférence a été donnée à Flers pour expliquer comment reconnaître ces violences et comment trouver les bonnes solutions pour que les femmes puissent en sortir. En 2014 dans l'Orne, 650 plaintes pour violences à l'égard d'une femme ont été déposées. C'est 230 de plus que l'année précédente.
Reportage de Nicolas Corbard et Damien Migniau
Intervenants
- Anita Tostivint, psychologue au Centre National d'Information et de Documentation des Femmes et des Familles (CNIDFF)
- Laurent Hincker, avocat spécialisé en Droit des personnes
40% des victimes ont déclaré avoir contacté les services de police ou gendarmerie et sur ce nombre, plus d'une victime sur deux a porté plainte.
Le gouvernement a lancé il y a deux ans un plan de lutte contre les violences faites aux femmes, visant notamment à encourager le dépôt de plainte, de préférence aux mains courantes. En France, une femme décède tous les 3 jours victime de son conjoint.