Le troisième long métrage du réalisateur américain Andrew Neel était présenté ce lundi matin en compétition au festival de Deauville. Le film dépeint la violence masculine au travers de l'initiation qu'impose à ses candidats une fraternité universitaire.
"Une des solutions serait de cryogéniser tous les hommes de 17 à 25 ans. A cet âge, ils sont programmés biologiquement pour deux choses: se battre et baiser". Andrew Neel n'est pas tendre avec les protagonistes de son troisième long-métrage, "Goat", présenté ce lundi matin en compétition au festival du cinéma américain. Adapté d'un livre autobiographique de Brad Ladd, le film nous fait découvrir le monde des fraternité universitaires américaines et leurs rites d'initiation.
Une nuit, à la sortie d'une fête, Brad accepte de prendre à bord de son véhicule deux hommes. Sauvagement tabassé par ces deux individus, il est profondément marqué par cette douloureuse expérience. Sur les conseils de son grand frère, il décide de reprendre ses études et surtout d'intégrer la fraternité à laquelle son aîné appartient. Mais la cooptation ne suffit pas pour être accepté. Pour devenir membre de ce club masculin, il faut se soumettre à une initiation, un bizutage conjuguant violence et humiliation.
Porté par les producteurs Christine Vachon et James Franco (à qui le festival rend hommage ce lundi), ce film a mis dix ans à voir le jour.Plusieurs réalisateurs ont été pressentis avant qu'Andrew Neel soit associé à ce projet. "Avec Goat, j'ai voulu faire un film sur la masculinité", une masculinité qu'il estime être "la vraie source" de beaucoup de problèmes que rencontrent les femmes. "Le machisme devrait être découragé dés qu'on en voit les premiers signes. Un homme très sensible, c'est quelque chose qui n'est pas encore accepté dans toutes les familles. On apprend souvent aux jeunes garçons à frapper avant de discuter".
En effet, pas de place pour les faibles à la fraternité, les "mauviettes" et "tapettes" n'ont pas leur place. Les candidats qui viendraient à craquer lors des différentes "épreuves" (longuement filmées, parfois à la limite de la complaisance) seront irrémédiablement exclus de ce cercle très "select". "Ce que vous voyez dans le film n'est pas très éloigné du comportement des gangs. On retrouve d'ailleurs ce mode de fonctionnement dans bon nombre de milieux. Beaucoup de dirigeants sont issus de ces fraternités et ont donc une notion de la masculinité qui n'est pas très saine".
Andrew Neel n'a jamais intégré une fraternité. Il a en revanche été en pension. "A partir de 23 heures, quand les lumières s'éteignaient, je me retrouvais dans un zoo entouré de chimpanzés", raconte le réalisateur, "je n'ai pas été bizuté comme dans le film mais j'ai entendu des choses et j'en ai presque fait l'expérience". Si Full Metal Jacket a été l'une de ses références lors de la prépération du film, sa source d'inspiration principale est le roman de William Golding, "Sa majesté des mouches", son roman préféré. Pour lui, "Goat" est en quelque sorte l'adaptation contemporaine.