Depuis le 10 novembre, le Sud-Manche est classé en zone réglementée risque de fièvre catarrhale. 118 communes sont concernées. Les éleveurs de veaux sont les plus inquiets, le risque d'épidémie fait déjà chuter leur activité.
Longtemps épargnée par la fièvre catarrhale, appelée aussi maladie de la langue bleue, la Normandie est depuis un mois menacée par l'épidémie qui contamine les ruminants dans 85 départements français. Après la détection d'un nouveau cas au nord de la Loire-Atlantique, le ministère de l'agriculture a étendu le périmètre des zones réglementées par prévention, incluant ainsi 118 communes de l'Avranchin et du Mortainais.
Cette épidémie inquiète particulièrement les éleveurs de veaux du Sud-Manche dont l'activité est essentiellement tournée vers l'export et principalement la Turquie. Car si les bêtes contaminées peuvent prendre la direction de l'abattoir et être consommées par l'homme sans risque sanitaire, leur exportation est interdite. La Turquie, par exemple, refuse l'import de tout animal provenant d'une zone réglementée, même s'il est vacciné. Les éleveurs se sentent coincé.
Un impact sur toute la filière bovine normande
Seules solutions pour les éleveurs : garder leur bétail en attendant que l'orage passe ou l'envoyer à l'abattoir. Mais ces alternatives déséquilibrent toute la filière bovine normande. Des négociants locaux constatent déjà une augmentation de l'offre de veaux destinés à la consommation (voir reportage ci-dessous) ce qui provoque mécaniquement une chute des prix de vente pour les producteurs. Et pour les éleveurs, garder les animaux dans leur exploitation coûte cher après la "crise des récoltes" de cette année. En France les stocks d'aliments pour bovin sont en baisse par rapport à 2015 (comme le montre ici les chiffres de Coop de France Nutrition animale et le syndicat nationale des industriels de la nutrition animale), rendant les denrées plus onéreuses.
Une longue attente pour les vaccins
Pour le moment, aucun cas de fièvre catarrhale n'a été détectée en Normandie. Pour les éleveurs, il est encore temps de protéger le bétail en vaccinant les bêtes. Mais la demande est importante et les stocks sont limités. Certains éleveurs doivent attendre plus d'un mois pour mettre leur troupeau à l'abri.
Le reportage à Saint-Clément-Rancoudray de Jean-Baptiste Pattier et Joël Hamard
Intervenants :
- Dominique Barbedette, éleveur de bovins
- Olivier Philippe, en charge des questions bovines à la FDSEA Manche
- Dominique TRUFFAUT, négociant Etablissement Béchet et vice-président de la fédération française des commerçants en bestiaux
©France 3 Normandie