Fin du port du masque à l'école : comment convaincre son ado?

Il n'est plus obligatoire depuis ce 14 mars 2022 en intérieur dans les écoles, collèges et lycées de France. Le masque n'a pourtant pas disparu des visages des adolescents. Beaucoup de jeunes souhaitent le garder en classe, par prudence et par habitude. Depuis deux ans, le masque les a protégés du virus, mais aussi du regard des autres.

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"Je vais garder le masque en cours, c'est plus sécurisant". Gladys, élève de 3ème au collège Boris Vian de Mézidon Vallée d'Auge (14) n'est pas la seule ado a porter le masque ce lundi 14 mars 2022.

On était les trois quarts ce matin dans la classe à garder le masque. Les professeurs nous ont dit de ne pas le laisser sous le nez: soit on le met comme avant, soit on l'enlève complètement

Juline, élève de cinquième

Dans la cour du collège, beaucoup d'élèves portent encore le masque, alors qu'il n'est plus obligatoire en classe depuis ce lundi. Même si des visages se découvrent dans l'espace extérieur de l'établissement, certains ont du mal à s'imaginer entrer en salle de classe sans la protection en tissu ou intissé qui les accompagne depuis presque deux ans.

Je veux garder le masque en cours par précaution. Mais je vais l'enlever dans la cour du collège. Je suis trop content de pouvoir revoir le visage de mes copains.

Mattéo

Elève de 4ème au collège Boris Vian de Mézidon Vallée d'Auge.

Beaucoup d'adolescents ont fait ce choix de ne pas enlever brusquement, du jour au lendemain, le masque qu'on leur a imposé. Une décision assumée avec le soutien de leurs parents. " C'est son libre choix" affirme le papa qui vient de déposer sa fille qui est en 6ème au collège. " Depuis quelques semaines, nous avons eu beaucoup d'échanges à la maison autour du masque. Depuis le temps qu'elle le porte, ma fille a un peu peur de l'enlever, mais je ne m'inquiète pas, ca va se faire petit à petit dans la semaine". 

Que dit le nouveau protocole sanitaire de l'Éducation Nationale ?

A partir du 14 mars, le protocole de niveau 1 s'applique dans les écoles du primaire ainsi que les collèges et lycées. Compte tenu de l'évolution favorable de la situation sanitaire, l'obligation du port du masque en intérieur est également levée pour l'ensemble des personnels ainsi que pour les collégiens et lycéens.

Si le port du masque n'est plus obligatoire dans les établissements scolaires, le protocole n'interdit pas à l'inverse de le porter pour ceux qui le souhaite. Enseignants et élèves sont donc libres de faire leurs choix.

Certains élèves et même certains enseignants portaient toujours le masque aujourd'hui. Il va falloir laisser un certain temps aux gens pour s'habituer à ne plus le porter. On reste vigilant aux questions des familles quand au port du masque ou pas dans l'établissement. Ce matin, on a découvert le visage des élèves de 6ème qu'on avait toujours connus masqués. Cela fait du bien d'avoir ce protocole plus léger.

Jérôme Adam

Principal du collège Jean Moulin de Caen

Ne pas brusquer les choses 

Pour beaucoup d'enfants, tomber le masque à l'école ou au collège est une bonne nouvelle. Le port du masque était une contrainte désagréable, notamment pour les élèves qui portent des lunettes en cours et qui devait constamment enlever la buée qui se formait dessus.

Cependant, des élèves ont du mal à partager l'euphorie de certains de leurs camarades. Le fait de retirer le masque, qu'il portait depuis presque deux ans, provoque chez eux de l'appréhension. Il faut donc se montrer patient et ne pas brusquer les choses. Il faut du temps pour se réhabituer. "Il y a parfois de l'angoisse chez certains adolescents. Quand on leur a dit de rester prudent pendant deux ans et que tout d'un coup, on leur demande d'enlever le masque, cela peut être brutal", explique un spécialiste des enfants et des adolescents du CHU de Caen. 

Le masque permet de cacher un visage, un corps qui est en mutation et pas toujours assumé par certains jeunes. Le masque permet de garder une certaine distance par rapport au regard de l'autre.

Docteur Pierre-Jean Egler

Pédopsychiatre, Praticien Hospitalier au CHU de Caen

Pour le Docteur Egler, socialement, les adolescents expérimentent des relations qui sont souvent vues comme dangereuses. "Il n'y a pas simplement le masque, on leur a aussi fait faire l'école à distance. Ils ont pu retenir de tout ça  qu'on n'a pas toujours besoin de l'autre, pour évoluer."

Dans ce mouvement là, le masque est un élément de plus, qui génère une barrière entre le jeune et l'autre et enlever cette barrière, socialement, ce n'est pas si simple".

Dr Pierre-Jean Egler, Chu de Caen

Le Pédopsychiatre conseille aux familles de rester compréhensives et de rassurer l'adolescent : s'il ne tombe pas le masque le premier jour, il pourra l'enlever demain, après-demain ou plus tard. A lui de choisir son moment. Rappelez-vous, ils sont très forts pour mettre les adultes au pied du mur face à leurs contradictions : et si jamais les masques redevenaient obligatoires bientôt ? Après tout, rien n'est impossible. 

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