Depuis le 4 janvier, le SMUR de l'hôpital de Granville fonctionne avec une équipe en moins. Les urgentistes et les généralistes du secteur dénoncent le nouveau Schéma régional d'organisation des secours. Ils redoutent de ne pas pouvoir faire face aux urgences, du type infarctus ou AVC.
Le comité des Usages de l'hôpital de Granville-Avranches a été crée il y a 18 mois, pour sauver le service de cardiologie à Granville. Un service qui a depuis du mal a renaître de ses cendres, alors qu'il devait être transféré à Avranches : " on ne peut plus avoir rendez-vous avec un cardiologue, pour un suivi classique", explique un de ses membre.
Aujourd'hui, le même comité est à nouveau mobilisé. Il alerte élus et population sur un risque majeur : " Nous avons peur que la logique mis en place conduise à moyen terme à la suppression totale du service des Urgences à Granville."
Granville, cité balnéaire qui compte aujourd'hui près de 45 000 habitants, dans son bassind'influence et qui double sa population l'été. Granville qui accueille aussi des événements majeurs comme le fameux carnaval.
Depuis le 4 janvier, et l'annonce a été faite peu de temps avant Noël, la seconde ligne du Smur de granville est supprimée. Un terme technique qui veut tout simplement dire qu'une équipe médicalisée d'Urgence a été enlevée des plannings.
En clair, l'équipe qui était chargée des transferts de patients vers des CHU équipés de plateaux techniques ( Caen, Rennes, voire Saint-Lô) n''existe plus. C'est donc aujourd'hui l'équipe d'astreinte chargée des urgences, qui se déplace sur les situations graves ( accidents, infactus, avc, malaises, incendie, etc) qui assure ces transferts.
"Quand nous sommes partis conduire un patient sous assistance médicale, dans les CHU de Rennes ou Caen , il nous faut en moyenne 3 heures", explique Thierry Pontois, urgentiste à Granville. Le temps imparti pour communiquer son dossier médical aux équipes qui l'accueille fait, c'est vrai, parti des priorités.
"3 heures où il peut se passer des tasde choses à Granville et dans les environs." Et pendant lesquelles, aucune équipe de SMur n'est sur place.
"Quand on sait qu'on a à peine 2 heures pour un infarctus et 4 heures pour un AVC, avant que les conséquences et séquelles soient dramatiques pour le patient, qu'est-ce qu'on fait d'un malade chez qui on diagnostique un problème cardiovasculaire? Que fait-on si on nous dit qu'il n'y a pas d'équipe au SMUR pour venir le chercher?", s'inquiète le docteur Isabelle Chaigneau, médecin généraliste à Saint-Pair-Sur-Mer, près de Granville.
93 médecins ont déjà signé la pétition qui circule. tous sont inquiets pour leurs patients et rappellent la situation géographique particulière de la Manche : le littoral isole un peu plus le Cotentin.
Certains dénoncent l'angoisse et le sentiment d'abandon qui surgit dans leur patientèle : "certains ont le sentiment qu'ils ne peuvent pas être bien soignés dans notre département en cas d'urgence. C'est dramatique ce stress. C'est pour ça que nous réagissons et tirons la sonnette d'alarme."
Des médecins qui souhaitent que les élus réagissent à leur tour.
Le reportage d'Alexandra Huctin et Joël Hamard :