Hausse des loyers dans les résidences universitaires : un "scandale" pour les syndicats étudiants

Les loyers des résidences universitaires augmenteront de 3,5% à la rentrée prochaine. Une décision difficile à comprendre pour les nombreux étudiants précaires et les syndicats qui les représentent. Le Crous justifie cette hausse par sa volonté de rénover son parc de logements.

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La trêve prend fin. Depuis quatre ans, les étudiants logés dans les appartements universitaires des Crous, Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires, n'ont pas vu leur loyer augmenter, contrairement aux autres locataires du parc social. Ce gel des loyers avait été décidé en 2020 pour faire face à la précarité grandissante des étudiants.

En septembre prochain, ils verront cette fois leur loyer et leurs charges augmenter de 3,5% par mois, soit 2 à 6 euros mensuels supplémentaires en fonction du niveau de la résidence.

Le logement, 70% du budget d'un étudiant

Les associations et syndicats étudiants comme l'UNEF, l'Union nationale des étudiants de France et la FAGE, Fédération des associations générales étudiantes, ont bien du mal à accepter que les étudiants les plus précaires soient soumis aux coupes budgétaires du gouvernement.

Le dernier rapport de l'Unef sur le coût de la vie étudiante fait état d'une augmentation de 6,47%. Le logement représenterait par ailleurs 70% dans ce budget.

En Normandie, le Crous propose 10 464 lits aux étudiants des campus de Rouen, Le Havre, Evreux, Caen et Cherbourg, sous la forme de chambres ou de T1, et à différents prix.

À Caen, une chambre de 9m2 avec cuisine et sanitaires communs coûte 156,30 charges comprises (eau, électricité, chauffage). À Rouen, on trouve majoritairement des T1 de 20 m2 à 334,20 euros, toutes charges comprises, avec cuisine et salle de bains privatives. Par ailleurs les APL ou aides au logement sont accessibles à tous les étudiants.

"Choisir entre se nourrir et payer son loyer"

Sur le campus de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), l'existence même de l'AGORAé - une épicerie solidaire montée par la FEDER (Fédération des étudiants rouennais) pour aider les étudiants les plus en difficulté - reflète cette hausse de la précarité.

Pour Christian Zgheib, vice-président étudiant au Crous Normandie et élu à la FEDER, "une augmentation de 3,5%, c'est un fardeau qui s'ajoute au quotidien des étudiants". L'étudiant pointe du doigt "le sous-financement du gouvernement, son choix de ne pas investir pour la jeunesse".

En 2024, si on se base sur les études de la FAGE, on peut constater qu'un étudiant sur 5 ne mange pas à sa faim. Rajouter cette augmentation va obliger cet étudiant à choisir entre se nourrir et payer son loyer.

Christian Zgheib

à France 3 Normandie

Même écho de la part de Célia Ammarkhodja, bénéficiaire de l'AGORAé. "Quand on est étudiant, on est obligé de tout surveiller, on est à l'euro près. Je vais devoir faire des sacrifices à côté pour subvenir à mes besoins, ou prendre un logement plus petit pour ne pas subir cette augmentation de prix", se désole l'étudiante. "Ça me révolte ! C'est quoi la suite ?"

À lire aussi : "Beaucoup d'étudiants ne reçoivent rien de leurs parents" : comment lutter contre la précarité alimentaire et numérique

"Améliorer la vie" en résidence universitaire

Le Crous justifie ce dégel de ses loyers par la nécessité d'améliorer la vie dans ses résidences, de remettre son parc locatif en état, et de préserver leur modèle économique.

La somme que rapportera cette augmentation de loyers en 2025 est estimée par le réseau des centres régionaux à 15 millions d'euros.

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