En milieu de semaine, le groupe Carrefour évoquait son intention de mettre en location-gérance cinq de ses hypermarchés, dont ceux de Flers et Saint-Lô. Selon les syndicats, ce projet est bien avancé et pourrait pénaliser pour les salariés.
L'annonce a été faite aux syndicats en octobre dernier. Et a été officialisée cette semaine par le groupe de la grande distribution. Carrefour va mettre en location-gérance cinq de ses hypermarchés, dont ceux de Flers, dans l'Orne, et Saint-Lô, dans la Manche. Ce projet "fait l'objet d'une procédure d'information-consultation auprès des représentants du personnel", a déclaré le groupe à l'AFP, précisant que "l'ensemble des collaborateurs resteraient salariés des magasins".
Le projet est bien avancé, comme nous l'ont confirmé plusieurs représentants syndicaux. "Les repreneurs sont trouvés, ils sont déjà venus visiter le magasin, voir les salariés, rencontrer le comité d'entreprise", raconte, au sujet des magasins de Flers et de Saint-Lô, Nadine Tillaut, déléguée CFDT et membre du CCE Carrefour. D'ici quelques mois, les collaborateurs de ces sites deviendront les salariés de ces repreneurs, et non plus du groupe Carrefour. Et perdre un certain nombre d'avantages.
"Au bout de 15 mois les accords d'entreprise tombent, les salariés vont passer à la convention collective nationale", une convention bien moins avantageuse que celle du mastodonte de la distribution. Les représentants syndicaux estiment la perte financière des collaborateurs à près de deux mois de salaire.
D'autres magasins concernés ?
Les syndicats sont d'autant plus inquiets qu'ils craignent que ce modèle de "location-gérance" se développe dans les prochaines années. Les cinq magasins concernés aujourd'hui ont un profil comparable: 100 à 150 salariés, 3 à 7000m2 de surface et un résultat à peine positif, voire déficitaire. "L'intérêt principal (ndlr: pour le groupe Carrefour), c'est qu'on enlève un centre de coût et on récupère un centre de profit par le biais des loyers", explique Bruno Moutry, délégué CFDT et représentant au comité de groupe.A plus long terme, 40 à 50 hypermarchés pourraient connaître le même destin. Cette mesure s'intègre dans un "plan de transformation" que le distributeur doit présenter le 23 janvier. Le premier syndicat du groupe, FO, a annoncé une journée de mobilisation pour "défendre les droits des salariés" le 8 février prochain.
Reportage de Jérôme Raguenau et Thierry Cléon
Intervenants:
- Nadine Tillaut, déléguée CFDT et membre du CCE Carrefour
- Bruno Moutry, délégué CFDT et représentant au comité de groupe