Deux opposants à la ligne THT ont été condamnés ce mardi matin à des peines d'amendes et de prison.
Une première dans le long bras de fer qui oppose les militants anti-THT et l'Etat.
La THT Cotentin-Maine qui doit transporter sur 163 km l'électricité produite par l'EPR de Flamanville suscite une très vive polémique, notamment dans le sud de la Manche où elle est vivement contestée.
Comme nous l'écrivions ce matin sur ce site (lire ici), deux opposants à la ligne à très haute tension ont été condamnés à des peines d'amende et de prison ferme à Coutances aujourd'hui.
Ils ont manifesté leur hostilité à cette ligne électrique en construction sur laquelle plusieurs études font peser des soupçons sur la santé - de leucémie infantile notamment - sans toutefois qu'un lien de cause à effet n'ait jamais été prouvé.
Alors qu'une centaine de recours ont été déposés en vain contre cette ligne ces dernières années, les travaux de la THT ont été lancés en janvier 2012, ce qui a donné lieu à une série de sabotages et à de vifs affrontements entre militants et forces de l'ordre lors d'une manifestation le 24 juin à Montabot.
C'est la première fois que la justice condamne des opposants à cette THT.
"C'est scandaleux. On peut douter de l'indépendance de la justice à l'égard du lobby industriel" a réagi à la sortie du tribunal le vice-président Europe Ecologie les Verts (EELV) du conseil régional,Yanic Soubien.
Lors de l'audience, l'avocat du jeune étudiant condamné avait mis l'Etat en cause. "On veut faire (du prévenu) un bouc émissaire dans un pays où le fait d'être contre le nucléaire est suspect", avait déclaré Me Gervais Marie-Doutressoulle.
"Vingt cinq à trente blessés, dont trois graves (côté militants), (le 24 juin, NDLR) c'est peanuts comparé aux entorses aux doigts des gendarmes ? ", avait-il ajouté.
Dans la foulée, le tribunal a annoncé la condamnation du leader de la Confédération paysanne de la Manche Michel Houssin, 51 ans, qui avait reconnu lors d'une autre audience, le 19 juin, avoir en mars dévissé quatre boulons d'un pylône en construction à Saint-Martin-d'Aubigny.
Le procureur de la République avait prévenu : "la limite de la contestation, c'est la voie de fait. Tant qu'il y aura voie de fait, il y aura poursuite" avait déclaré Renaud Gaudeul.
Un autre militant doit comparaître jeudi à Laval.
L'ex-ministre Pierre Méhaignerie, maire de Vitré, en Ille-et-Vilaine, a saisi le Conseil d'Etat pour protester contre cette ligne qui traversera son département.
Dans cette région de production laitière, plusieurs éleveurs ont engagé des recours contre RTE qu'ils accusent de rendre leurs vaches malades.
Le département de la Manche (UMP) et la Région (PS) avaient également demandé une étude épidémiologique avant le lancement des travaux. La ligne THT doit être achevée en 2013, l'EPR en 2016.
Reportage: Stéphanie Vinot et jean-Michel Guillaud
Ligne THT : premières condamnations d'opposants... par france3bassenormandie_845