Vendredi dernier, le trotteur a quitté le haras de Vincent Brazon, dans le Calvados, où il vivait depuis 8 ans.
Agé de 10 ans, le fameux trotteur sera atteint par la limite d'âge à la fin de l'année. C'est pour le ménager que Vincent Brazon prétend ne plus souhaiter le faire courir, accusant son propriétaire de trop le pousser.
Manuel Ahrès, propriétaire du crack, parle lui plutôt d'une incompatibilité d'humeur grandissante avec l'entourage de l'entraîneur, d'un "problème de mésentente complète, de relations humaines devenues très conflictuelles".
Comme dans toutes les querelles, les deux hommes se rejettent la responsabilité et s'accusent l'un l'autre.
Pour Vincent Brazon, Oyonnax commence à donner des signes évidents de fatigue et il faut qu'il arrête de courir.
Pour Manuel Ahrès, en revanche, le cheval est en pleine forme puisqu'il a battu récemment ses records de piste. Toutefois, à son âge, il est évidemment nécessaire de le surveiller, de faire des prises de sang et des contrôles cardiaques avant de le lancer sur un champ de courses. "Ces contrôles appartiennent à l'entraîneur, c'est à lui de vérifier l'état de santé du cheval", précise le propriétaire.
Oyonnax n'a remporté aucune course depuis mai 2010 et Vincent Brazon n'était pas favorable à ce que son protégé soit engagé dans le prix Jean-Luc Lagardère, jeudi dernier à Enghien, où il s'est classé 6ème.
C'était, en tout état de cause, la dernière course du trotteur sous les couleurs du haras d'Hérouvillette. Dès le lendemain, un van est venu chercher Oyonnax et une dizaine d'autres chevaux, propriété de Manuel Ahrès.
Le trotteur est maintenant au repos chez Fabrice Lindrec, à Noyers-Bocage, dans le Calvados.
Un bilan de santé complet sera effectué par un vétérinaire. C'est seulement après que la décision de continuer à faire courir ou non Oyonnax sera prise. Le propriétaire du cheval a par ailleurs pris langue avec le célèbre entraîneur Vincent Martens afin qu'il lui donne son avis sur les capacités du champion.
Car Manuel Ahrès l'affirme haut et fort, prétendre qu'il veut continuer à faire courir Oyonnax pour l'argent est "une infamie". Et d'affirmer que c'est lui et lui seul qui a pris la décision de retirer ses chevaux de l'écurie d'Hérouvillette.
"Mon cheval, j'en suis fou", nous a-t-il déclaré ce lundi soir par téléphone. "Jamais je ne le mettrais en course si j'avais le moindre soupçon sur sa santé. Je veux qu'il soit en forme à 100%, qu'il finisse en bonne santé et passe une retraite heureuse", affirme-t-il.
Certes, l'inoubliable vainqueur du 89ème Prix d'Amérique en janvier 2010 a engrangé un peu plus de 1,8 million d'euros de gains durant sa carrière. "Mais il ne m'a pas enrichi", assure Manuel Ahrès, intarissable sur son cheval.
Il affirme aussi avoir toujours considéré Vincent Brazon comme son fils et l'avoir soutenu en tant qu'entraîneur. "Mais quand on a trop de différends, ce n'est plus possible", enchaîne-t-il, précisant qu'il souhaitait arrêter Oyonnax dès l'année dernière quand bien même il avait amélioré son chrono, une véritable performance pour un cheval de cet âge.
Oyonnax reviendra peut-être sur les hippodromes d'ici la fin de l'année, mais c'est sûr, après, il se rangera des sulkis.
Malgré cette fin un peu triste entre les deux hommes qui l'aiment sûrement le plus au monde, ce trotteur d'exception restera dans la légende des grands champions que la Normandie sait donner aux turfistes. Ceux qui l'ont porté vers la victoire aussi...