Une centrale photovoltaïque est en projet à Fontenay-le-Pesnel, à l'Est de Caen. Si l'idée remporte l'adhésion des habitants, le lieu d'installation du champ de panneaux solaires en inquiète certains. Il s'agit d'un champ de 5 hectares abritant une ancienne décharge où GDE a déversé illégalement des produits polluants.
Un énergie propre sur un sol sale. A Fontenay-le-Pesnel, un grand projet d'installation d'une centrale photovoltaïque est dans les tuyaux. Composée de 10 638 panneaux solaires, celle-ci aurait une production énergétique de 5,4 Gwh par an, soit les besoins en électricité d'environ 1000 foyers, le double de la commune calvadosienne.
Si l'éventualité de consommer une énergie renouvelable semble faire l'unanimité dans la commune, l'endroit choisi pour l'installer provoque le courroux de certains habitants. Réunis au sein du Collectif des Citoyens Concernés du Canton de Thue et Mue, ils s'inquiètent du fait que la centrale solaire se monte sur les vestiges recouverts d'une décharge renfermant des résidus de broyages automobiles, des déchets polluants.
Dans le projet, il est écrit qu'il s'agit de déchets enfouis inertes, alors que ce n'est pas le cas. Il y a des hydrocarbures, de plomb, d'amiantes... On est sur un site marqué d'une servitude d'utilité publique (SUP, c'est-à-dire que Préfecture a prononcé un arrêté stipulant que l'espace ne devait pas être exploité.
François Touyou, président du Collectif des Citoyens Concernés du canton de Thue et Mue
Cette ancienne carrière de four à chaux a d'abord été renflouée avec des gravats de lotissement de la commune, puis de la construction du périphérique ouest de Caen, puis du parking Résistance, avant de recevoir des déchet automobile. Pour ce motif, le site a d'ailleurs fait l'objet d'une condamnation, celle de l'entreprise GDE. Elle y a illégalement enfoui des résidus de déchets automobiles entre 2002 et 2006. Ce même type de dépôts illégaux avaient à l'époque été dénoncés à Versainville et Soumont-Saint-Quentin, près de Falaise.
Les habitants hostiles à l'implantation des panneaux solaires sur ce champ-là estiment que les travaux d'installation et le poids des panneaux pourraient être de nature à remuer les déchets, et à polluer les nappes phréatiques et une rivière proche, le Bordel, affluent de la Seule.
L'assurance de ne pas forer dans les polluants
Du côté des défenseurs du projet, on explique que tous les avis favorables requis ont été délivrés par les services compétent. "Seul demeurait une objection de la MRAE concernant l'implantation dans le sol des panneaux solaires, mais on y a répondu en précisant que le matériel serait posé à même le sol, et non en profondeur", précise le Maire Richard Villechenon. La société Urbasolar le confirme "la centrale solaire sera sur une installation de type longrine béton posé au sol et non pas des pieux".
Les promoteurs du projet se rangent aussi derrière les analyses biannuelles des nappes phréatiques et des cours d'eau à proximité de l'ancienne décharge. Des analyses qui ne décèlent pas d'anomalie sur les dix dernières années.
L'enquête publique est en cours autour de ce projet chiffré à 4,5 millions d'euros. Le collectif d'opposition organise une réunion d'information citoyenne le 2 septembre à la salle de la cantine de Fontenay-le-Pesnel.