En attendant une hypothétique réouverture des lieux culturels mi mai, les intermittents du spectacle se mobilisent ce vendredi 23 avril devant les théâtres occupés, pour demander le prolongement de leur année blanche et l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage.
A Rouen, le rendez vous a été fixé à midi devant le Théâtre des 2 Rives, occupé depuis le 12 mars dernier par des intermittents. A Caen, les manifestants se sont retrouvés à 11 heures place Saint-Sauveur, où happening et saynètes se sont succédés.
Les "vendredis de la colère" se poursuivent aujourd'hui avec cette manifestation interprofessionnelle, orchestrée cette fois par Solidaires et la CGT, ainsi que les collectifs d'intermittents. Tous appellent à se retrouver devant les théâtres occupés et à faire cause commune avec les chômeurs et les intermittents du spectacle. "Ce vendredi 23 avril nous manifesterons pour l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage. Parce que cette réforme d’une violence inouïe va immédiatement impacter la vie de près de deux millions de personnes. Parce qu’après le tour des intermittent.e.s de l'emploi et des intérimaires viendra celui des intermittent.e.s du spectacle" explique dans son communiqué le collectif des Occupants du théâtre des Deux Rives/cultures en lutte, rejoints dans leur action par des délégations du Havre et de l'Eure.
A Caen, salariés précaires et monde culturel rassemblés en intersyndicale -Solidaires, CGT et la coordination des intermittents du Calvados- ont fait front commun pour dénoncer la fragilité de leurs situations. "Les salariés précaires vont être fragilisés par les deux aspects de la réforme de l'assurance chômage, qui sont la modification du calcul de l'indemnité et la durée de l'activité qui est allongée pour ouvrir ou charger des droits" explique Martine, militante à la CGT.
Même son de cloche à Rouen, où le cortège de 600 personnes a convergé dans un premier temps vers la place de l'hôtel de ville où plusieurs dizaines d'intermittents ont présenté un impressionnant haka revendicatif. Le mouvement des intermittents du spectacle s'inscrit aussi dans un contexte général de lutte contre la réforme de l'assurance chômage.
Ce n'est pas la crise qui a fait monter cette colère, les intermittents du spectacle étaient déjà en lutte autour de cette question de l'assurance chômage. Les salariés qui occupent actuellement les théâtres ont à la fois la préoccupation de la réouverture des centres de culture, mais aussi leurs propres revendications : de meilleurs salaires, des emplois non précaires, et plus de libertés."
Prolonger l'année blanche des intermittents ?
L'indemnisation chômage des intermittents a été récemment prolongée jusqu'au 31 août prochain par Emmanuel Macron, qui leur avait accordé une année blanche en mai 2020. Pas suffisant selon eux, qui ne prévoient un retour progressif de leurs activités qu'à la fin de l'année 2021. Le président a beau avoir évoqué dans sa dernière allocution une réouverture possible des lieux de culture entre la mi mai et le début de l'été, le calendrier et les modalités restent flous. Pas de quoi rassurer des professionnels dont les revenus sont déjà fluctuants.
Faut-il alors prolonger d'un an cette année blanche comme le demande le Mouvement d'occupation des théâtres, ou l'adapter? Le rapport Gauron -expert à la cour des comptes- remis le 21 avril dernier aux ministères de la culture et du travail devrait proposer des pistes de travail.