Isabelle Attard fait partie des femmes qui estiment avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part de l'ancien vice-président de l'Assemblée Nationale, Denis Baupin. De juin 2012 à fin 2013 elle a reçu des SMS par "salves". Denis Baupin, de son côté, conteste toutes ces accusations.
Dès sa prise de fonction à l'Assemblée Nationale, après les legislatives de 2012, Isabelle Attard affirme avoir reçu des SMS de la part de Denis Baupin.
Alors même que d'autres femmes politiques s'expriment aujourd'hui, quatre ans plus tard, Isabelle Attard, députée de la 5 ème circonscription du Calvados, parle devant les médias normands.
Des accusations graves qu'elle porte publiquement pour donner du courage "à toutes les femmes victimes (de Denis Baupin ou d'autres) qui parleront peut-être maintenant."
Les premiers textos l'ont presque fait sourire en 2012 puis ils sont vite devenus "graveleux" et insistants. La députée donne un exemple mais ne veut pas en dévoiler plus. La nature des propos par SMS "c'était du type, j'aime bien quand tu croises tes jambes comme ça..." , par oral ça pouvait être "j'aimerais bien être ton amant".
Lanceuse d'alerte sur le harcèlement sexuel en politique ?
Isabelle Attard rappelle qu'elle n'avait jamais parlé ouvertement des propos de Denis Baupin avant que d'autres femmes ne le fassent, avant que Médiapart ne la contacte pour son enquête.
Mais dès fin 2013, après un an de harcèlement subi et après avoir demandé à Denis Baupin de stopper ces "salves de textos tous les mardis et mercredis pendant les sessions", elle dénonçait plus généralement les propos sexistes au sein de l'Assemblée Nationale, en créant le Poulailler de l'Assemblée (un prix sarcastique est décerné chaque année par ce groupe informel pour dénoncer les comportements sexistes)
"Aujourd'hui j'attends que les partis fassent le ménage dans leurs troupes, même si ça doit prendre du temps."
Le président de l'Assemblée Nationale Claude Bartolone a demandé ce lundi matin, 9 mai, à Denis Baupin de démissionner de sa fonction après la révélation par Mediapart et France Inter de ces faits présumés, couverts pour la plupart par la prescription et émanant de témoignages de huit victimes.
D'abord silencieux, Denis Baupin, qui a récemment quitté EELV et est par ailleurs l'époux de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, a finalement réagi à travers un communiqué de ses avocats affirmant que les allégations étaient "mensongères, diffamatoires et qu'elles ne reposent sur aucun fondement". "M. Denis Baupin conteste fondamentalement l'idée de harcèlement sexuel et plus encore d'agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers".
Pour la Députée du Calvados, Isabelle Attard il s'agit de "harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces. Il y avait des moments où on n'en avait plus, c'était par salves". L'élue fait remonter ces faits de juin 2012 à son départ d'EELV, fin 2013, et affirme qu'elles étaient "plusieurs députées à recevoir le même SMS".
Le témoignage d'Isabelle Attard, au micro de Franck Besnier et Suzana Nevenkic :