Cette semaine, une de nos équipes vous emmène dans le Nord-Cotentin découvrir la ferme Béthanie à à Pont l'Abbé Picauville, un établissement dépendant de la Fondation du Bon Sauveur. 42 personnes souffrant de troubles psychiques y travaillent.
C'est l'une des exploitations laitières les plus modernes du Cotentin. La Ferme de Béthanie, à Picauville, se veut également responsable sur le plan environnemental. En 2013, les bâtiments et installations ont été mis aux normes afin de limiter au maximum les rejets dans la nature et garantir le confort de l’animal. Depuis septembre 2014, elle bénéficie d'un atelier flambant neuf où elle fabrique des produits à partir du lait des 180 vaches de l'exploitation, des produits dont elle assure elle-même la vente.
Mais la ferme de Béthanie n'est pas qu'une exploitation agricole. Rattachée à la fondation religieuse du Bon-Sauveur, une fondation spécialisée depusi un siècle et demi dans la psychiatrie, elle est également un Établissement et Service et d'Aide par le Travail (ESAT). Elle tente de remettre le pied à l'étrier à des personnes présentant un handicap psychique. Actuellement, 42 personnes, toutes originaires du département de la Manche, y travaillent.
Une série en quatre volets proposée par Rémi Mauger, Stéphanie Lemaire, Aurélie Schiller et Xavier Gérard.
1- "Moi, je suis de passage"
Sébastien, 34 ans, et Nathalie, 37 ans, travaillent à l'ESAT de Béthanie. Comme leurs collègues, ils souffrent de troubles psychologiques. Beaucoup ont par le passé fréquenté des centres de soins. Mais la ferme du Nord-Cotentin n'en est pas un. Sa vocation: oeuvrer à l'insertion de ces personnes. La première étape consiste à leur remettre le pied à l'étrier, les aider à travailler pour qu'il puisse, un jour, "voler de leurs propres ailes". "Il y en a qui arrivent à en sortir", raconte Nathalie. "Il y en a aussi qui font carrière ici", ajoute, plus pessimiste Sébastien. Mais tous veulent croire qu'ils sont juste "de passage".Intervenants:
- Sébastien David
- Nathalie Vilette
- Christophe Piedagnel, responsable technique Ferme de Bethanie
3 - Retrouver l'estime de soi
L'an dernier, l'ESAT de Béthanie a inauguré un nouvel atelier dans lequel on transforme le lait de la ferme: beurre, yaourts et fromage. On y transforme aussi les gens. "J'ai appris à accepter mon handicap, à accepter ce que je suis, j'avais du mal au début quand j'ai su, c'est à dire il y a des années", raconte Loïc Duclos, "Maintenant, je l'ai accepté, je vis avec, je ne me bats plus contre mais je me bats avec". Le travail permet de renouer avec l'estime de soi. Loïc a toute la confiance de Sophie Herquin, l'animatrice de la fromagerie. Elle salue "une vraie réussite". A tel point que tous deux réfléchissent à un avenir en dehors de l'ESAT.Intervenants:
- Geoffrey Rose
- Pascal Dodeman
- Loïc Duclos
- Christine Ventrillon
- Alexis Legluais
- Sophie Herquin, animatrice atelier fromagerie
3 - "Moi, je suis né comme tout le monde !"
Jean-Jacques Blondel est l'un des piliers de la ferme de Béthanie. Quand il a commencé, on appelait ça un CAT, un centre d'aide par le travail. Son enfance, il l'a passé dans la ferme familiale, dans la Hague, choyé, bien entouré. Même si parfois, le regard des autres a pu le faire souffrir. "J'en ai souffert un peu, mais je m'en suis bien tiré quand même". Aujourd'hui, Jean-Jacques partage sa vie entre l'ESAT et ses deux passions: la pêche et le football, un sport qui lui a permis de figurer avec le club de Picauville dans le quotidien l'Equipe.Intervenant:
- Jean-Jacques Blondel
4 - Autre époque, autre psychiatrie
Il y a eu jusqu'à 850 lits à la Fondation du Bon Sauveur de Pont-L'abbé Picauville, l'époque des "chemins creusés" où les malades laissaient l'empreinte de leurs pas à force de tourner en rond. Le temps de l'asile est désormais révolu.Intervenants:
- Daniel Delpuech
- Jean-François Defaux, médecin psychiatre
- Patrice Lucas, directeur Pôle insertion Fondation Bon Sauveur