Depuis ce mercredi 14 avril, l'ensemble de la presse nationale annonce que le premier "vaccidrive" de France vient d'ouvrir à Saint-Jean-de-Védas dans l'Hérault. Dans la Manche, des inventeurs toussent. Ils avaient bien développé l'idée mais sa mise en place est bloquée.
Une idée qui remonte au début de la pandémie
Le "vaccidrive" normand est né avant même que les vaccins contre la covid-19 n’existent. Au départ il s’agit d’un système mis en place pour réaliser des tests PCR sans que les patients n’aient besoin de sortir de leur voiture. Le concept s’appelle " test2sens", il résulte de la réflexion de trois Normands : un médecin, un architecte, et un designer.
Dès l’apparition du virus en France, début 2020, les trois complices s’interrogent sur la meilleure façon d’optimiser l’accueil des patients venus effectuer un test PCR dans les laboratoires. Leur objectif : éviter les croisements, les embouteillages et les contacts entre des personnes potentiellement infectées dans les salles d’attentes.
Une idée pratique et rationnelle
Très rapidement, les inventeurs ont rédigé un cahier des charges rigoureux :
- le système doit être physiquement indépendant des laboratoires existants.
- il doit permettre la détection et l’analyse de pathogènes microbiens.
- il doit permettre d’isoler les patients infectés des autres patients.
- le local doit être installé dans lieu aisément accessible aux véhicules et organisé pour garantir les conditions essentielles d’hygiène et de sécurité.
- le local doit permettre d'accueillir les patients de façon optimale et aux praticiens de travailler confortablement.
- et surtout le local doit être mobil pour être déplacé et installé en fonction des foyers épidémiques.
L’invention de test2sens
A partir de ce cahier des charges est né "test2sens". Il s’agit de trois modules préfabriqués, repensés, réaménagés et transportables par camions poids lourds. Ces modules sont associés pour ne former qu’un seul et même local, capable de laisser entrer le patient dans sa voiture. De multiples gestes médicaux, dont le test PCR peuvent-être réalisés par la fenêtre ouverte du véhicule, ensuite le personnel de santé peut traiter et conditionner le test dans un laboratoire sans sortir du local. Le tout est équipé de feux de signalisation qui permettent une circulation fluide et sécurisée.
Le premier laboratoire mobile installé à Coutances
C’est sur le parking de la maison médicale de Coutances dans le sud Manche que le premier laboratoire mobil « test2sens » a été installé. Le matin du 4 décembre 2020, trois poids lourds font leur apparition sur le parking de la maison médicale de Coutances. Les trois modules sont rapidement déchargés et mis en place. Leur installation complète prendra la journée. Ils ont besoin d’être alimentés en électricité, raccordés au réseau internet, les réserves d’eau doivent-être remplies.
Une fois ces opérations réalisées, les modules peuvent accueillir véhicules et piétons. Ils sont équipés en sanitaires et chauffés. Les différents espaces sont séparés par des portes vitrées coulissantes et il y a même une salle d’attente décorée de quelques photos.
Vacciner les patients à la chaine
Si ce système a d’abord été pensé dans un contexte où la priorité était d’effectuer des tests sur la population, dès le début, ces concepteurs ont envisagé leur invention comme une structure mobile aux applications multiples. Plusieurs types de prélèvements peuvent y être effectués : nasopharyngés, sanguins, urinaires, et d’autres gestes médicaux comme la vaccination à grande échelle.
Il est également prévu des aménagements pour de la téléconsultation et on peut y développer naturellement des vaccinations pour le covid, puisqu’il va falloir des lieux dédiés à cet effet
Pas de chance pour les inventeurs : il leur manque l'autorisation de l'ARS
Ses inventeurs en sont convaincus, leur "test2sens" semble répondre totalement au besoin de structures pour effectuer la vaccination de la population. Le coût de chaque local est estimé à environ 70 000 euros par ces inventeurs. Si la première structure installée à Coutances a été entièrement financée, au titre du prototype, par ses concepteurs, il est tout à fait possible d’envisager un financement d’une autre dimension par les collectivités locales, départements, régions et même l’état.
Le problème c’est que seuls les médecins et pharmaciens sont, pour l’instant, autorisés à vacciner. Le "test2sens" est reconnu comme laboratoire et il n’est pas possible, en tout cas pour l’instant, de se faire vacciner dans un laboratoire. Le "vaccidrive" de Saint-Jean-de-Védas dans l’Hérault fonctionne parce qu’il est associé à la pharmacie d’une clinique.
Pour être opérationnel, le "vaccidrive" normand devra donc être associé à un pharmacien, un médecin, un centre de vaccination officiel et obtenir une autorisation de l’ARS (agence régionale de santé) de Normandie.
Le "test2sens " est beaucoup mieux conçu que la solution qui a été mise en place dans l’Hérault. De plus notre structure permet un meilleur accueil des patients et tout particulièrement des personnes à mobilité réduite