Les agriculteurs normands, témoins du changement climatique

Les agriculteurs constatent sur le terrain les effets du changement climatique. Un état des lieux a été dressé ce jeudi 16 décembre par la Chambre régionale d'agriculture lors d'un colloque à Caen.

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Décalage des saisons et des récoltes, inconfort du bétail en période de canicule, augmentation des ravageurs, disparition de prairies littorales ou de marais,... les conséquences du réchauffement climatique se font déjà sentir. 

Des risques pour les arboriculteurs, les éleveurs et les céréaliers 

"Pour les arboriculteurs, le risque est le décalage des périodes de gel vers avril-mai, quand la pousse de la floraison des arbres fruitiers a déjà commencé, explique Marc Lecoustey, agriculteur au Plessis Lastelle, près de La Haye-du-Puits dans la Manche (50) et référent climat pour la chambre régionale d'agriculture. Pour les éleveurs, le risque est sanitaire : les vaches laitières n'aiment pas les fortes chaleurs. Elles ont tendance à aller se coucher plus longtemps à l'ombre, ce qui peut provoquer des mammites. Et puis, au-dessus de 25 degrés, les vaches boivent davantage, et mangent moins, ce qui réduit la production. Quant aux céréaliers, ils sont confrontés au risque d'échaudage : si le blé, à une certaine période de son cycle, a un coup de chaud, cela stressera la plante avec pour conséquence un moindre rendement et une moins bonne qualité."

Le mauvais temps en agriculture, c'est celui qui dure

C'est bien connu, les agriculteurs sont dépendants des caprices du ciel. Surtout quand arrive la période des moissons. Un ciel qui leur joue de plus en plus de mauvais tour. Ainsi, l'été dernier, les pluies excessives ont bousculé la récolte. 

A tel point que le 23 août dernier, Vincent Pitel, agriculteur établi à Croisilles, aux confins de la Suisse normande et de la plaine de Caen, n'avait toujours pas fini de faucher son blé. "Je n'avais jamais vu cela en 24 ans ", nous avait-il alors confié. En cause : la météo capricieuse, déréglée. "Un stress supplémentaire", pour l'exploitant. 

"Il suffit d'un ou de deux millimètres de pluie pour empêcher la faucheuse de passer, explique Marc Lecoustey. Ce qui signifie que cela réduit les temps de moisson : faire par exemple en 8 jours ce que l'on fait en trois semaines d'habitude ! Cela pose des problèmes d'organisation et de disponibilité de machines que les agriculteurs se partagent.

L'agriculture doit s'adapter au changement climatique

Face aux évolutions climatiques, la Chambre régionale d'agriculture de Normandie présentait ce jeudi 16 décembre les données soulignant l'impact du changement climatique pour notre agriculture. Le colloque a fait un état des lieux des données et du ressenti des agriculteurs exprimé lors de réunions territoriales au mois de novembre. "Malheureusement, beaucoup ne se sentent pas encore concernés, regrette Marc Lecoustey, car il est vrai la Normandie est plutôt moins impactée encore que d'autres régions. Ceux qui se sentent concernés sont ceux qui ont pris conscience que la résilience de leur exploitation dépend de leur capacité à s'adapter.

Le colloque peut être visionné sur la chaîne youtube de la Chambre régionale d'agriculture (ci-dessous). 

Lors de ce colloque intitulé "Varenne de l'eau et du changement climatique", trois grands axes ont été abordés. "Tout d'abord, la gestion des aléas avec la refonte de tout le dispositif assuranciel devenu obsolète et illisible, explique Jacques Chevalier, Directeur de la Chambre régionale d'agriculture.
Ensuite, nous avons recensé toutes les expériences de terrain pour faire un véritable état des lieux. Enfin, nous devons prendre en compte l'importance de l'eau. Car c'est une ressource essentielle pour faire pousser nos cultures. Or, avec davantage de sécheresses, et la salinisation des nappes phréatiques et cours d'eau due à l'élévation du niveau de la mer, il nous faut imaginer des réserves d'eau.

Les agriculteurs devront inévitablement s'adapter

Jacques Chevalier

Une chose est sure : "Les agriculteurs devront inévitablement s'adapter", souligne Jacques Chevalier. "Nous travaillons avec le GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Les hivers seront davantage pluvieux, et l'été, les périodes de sécheresse seront plus longues.

Pour aider les agriculteurs, la Chambre régionale d'agriculture va donc créer un pôle de personnes ressources. "Nous avons déjà des conseillers, précise Jacques Chevalier, mais nous allons consolider ce dispositif avec des experts que pourront solliciter les agriculteurs en fonction de la problématique de leur territoire, que ce soit le bocage ornais ou le pays de Caux, car grâce à notre Observatoire, nous avons des données précises et une analyse fine possible par territoire".

Quelle agriculture en Normandie dans 10 ou 20 ans ? 

Pour s'adapter, "il faut trouver des variétés de semis qui auront passé leur stade vulnérable quand les coups de chaud des mois de juin-juillet arrivent", estime Marc Lecoustey. Et il faut désormais implanter un peu plus vite les cultures. Une quinzaine de jours avant, ainsi le maïs se plante dès fin avril au lieu de mi-mai. Il va se développer ainsi plus tôt et mieux résister à la chaleur.

Par ailleurs, il se peut que des cultures situées au Sud de la Loire s'implantent à terme en Normandie. Comme le soja, le tournesol, le sorgho, le pois chiche ou... la vigne. 

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